Abdelilah Laloui « a vingt ans. Il est étudiant à Sciences-Po Paris et a cofondé l’association Tous curieux. Dans Les Baskets et le Costume, il raconte sa quête de liberté. »

Ce court récit, à peine romancé par endroits nous dit-il, raconte son parcours de « success story » depuis sa famille maghrébine du « 94 » jusqu’à Saint Germain des Prés. Le fil de l’histoire est la découverte des livres, l’audace d’affronter les « codes » du monde de la culture, quand on entre à Sciences-Po par la voie de « CEP ». C’est dès le lycée qu’il crée, avec sa copine Alia, l’association « Tous curieux » : faire prendre conscience, dans le monde de ses copains, que la culture « ne s’hérite pas, elle se conquiert » (Malraux).

A la librairie Arbre à lettres, 6 mars 2020, Abdelilah Laloui présente son livre : pour acquérir la « culture française » il faut valoriser sa propre culture, qui est une chance ; on est alors à égalité, pour découvrir, avec ceux qui ont le « bagage » mais pas forcément le seul outil, qui est la curiosité. Et souvent dans le milieu de banlieue on profite d’une bienveillance familiale qui est une chance par rapport à d’autres élèves des beaux quartiers. Et la chance : des parents, une grand-tante, un député…

Depuis l’an 2000, le programme « CEP » de Sciences-Po Paris a bénéficié à quelque 1600 élèves. Comment est-ce vraiment bénéfique ? Le risque est que ses bénéficiaires se marginalisent dans un « entre-soi » de ces élèves exceptionnels « transclasses », que l’Ecole ne guide pas par un accueil particulier. Ces « transclasses » ne valorisent vraiment leur trajectoire que si ils se considèrent comme des traits d’union avec leur milieu d’origine et l’association « Tous curieux » vise tous les jeunes et pas seulement les « cadors » que sont ces « transclasses » potentiels.

Abdelilah Laloui, dès son entrée à Sciences-Po, a tenu un journal de ses efforts, de ses terreurs et de ses déboires, pour se décrire à lui-même sa différence. Quand un article dans Le Monde a valorisé l’association « Tous curieux », il a reçu des propositions d’éditeurs et s’est jeté dans l’écriture de son livre, son journal sous le coude.

Quelques citations pour donner envie de le lire :

p.69 Pour la première fois, on me conseille de prêter attention à ma pensée […] j’avais besoin de le lire sur un papier, car la parole ne suffit pas toujours pour dire les choses importantes.

79 Non, lorsque l’on naît de l’autre côté de la République, on se contente de nous dire quoi faire.

132 Pourtant, j’ai de bonnes intentions, j’ai envie d’apprendre. Mais je marche sur un sable mouvant intellectuel. J’ai beau essayer de courir, je m’enfonce.

145 Dans la haute société, l’exclusion est beaucoup plus radicale qu’en banlieue. Aucun faux pas n’est permis.

Pour en savoir plus et aider l’association « Tous curieux » :

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/art-culture-edition/tous-curieux-l-asso-qui-veut-promouvoir-l-acces-a-la-culture-pour-tous_3447539.html (une vidéo de présentation)

https://www.facebook.com/watch/?v=622546671500168 (autre vidéo de présentation)

https://www.helloasso.com/associations/l-assemblee-des-curieux (pour contribuer à aider cette association)