Algérie, 20 ans, Que savons-nous vraiment de cette terre, de ses révolutions d’aujourd’hui, Editions Autrement, dossier N° 38, mars 1982, 280 p.

Nous savons que, avant même la naissance de Coup de soleil en 1985, la revue Grand Maghreb est née en 1981 : à cette époque, toute information sur l’Algérie était en France plus sensible que tout ce qui concernait les autres pays de la région.

Le volume publié par les éditions Autrement pour le vingtième anniversaire de la naissance de l’Etat algérien nous intéresse à ce titre. Autrement, une revue née en 1975, est déjà en 1982 un éditeur qui pèse au moment où il publie le livre que nous avons retrouvé, grâce à un ami bouquiniste. Celui-ci a connu au moins deux rééditions en 1983 et 1985. Le panorama qui nous est donné est celui d’une Algérie qui sort depuis 4 ans de l’époque fondatrice du nouvel Etat, celle des improvisations de Ahmed Ben Bella suivies par la durable mise en place de la bureaucratie militaire de Boumedienne.

Classiquement, ce livre collectif de 35 chapitres mélange analyses et témoignages, sciences sociales et littérature. Nous n’avons pas réussi à retrouver trace de plusieurs signataires, journalistes en particulier : Selim Turquié (le Monde diplomatique), Christiane Stoll. Par contre ont écrit dans ce livre, ou ont parlé pour ce livre beaucoup d’acteurs ou de témoins connus. Michel Pablo Raptis (1911-1996) et Gilbert Marquis (1930-2015), trotzkystes ayant soutenu le FLN puis conseillé le président Ben Bella. Pierre Kalfon (1930-), littéraire et diplomate. Jean Dejeux (1921-1993), père blanc formateur des générations postérieures pour l’étude de la littérature algérienne. Leïla Sebbar (1941-), une des auteures fondatrice de celle-ci. Un photographe, Marc Garanger (1935-). Trois sociologues et politologues, Jean Leca (1935-), François Burgat (1948-) et Jean Robert Henry, manifestement un des initiateurs du livre. Un historien lui même acteur politique algérien, Mohamed Harbi ((1933-) et deux autres acteurs majeurs de celle-ci : Ahmed Ben Bella (1916-2013) et Hocine Aït Ahmed.

Les commentaires sont nombreux sur une politique algérienne dominée par les militaires. Sur une société où assistance et corruption se confortent grâce à la rente pétrolière. Mais le plus précieux est la série des témoignages et analyses sur la vie quotidienne « au jour le jour », sur le monde des femmes, sur celui de la culture.

Une Algérie inquiète et amère, en même temps que vivante et protestatrice, par ceux qui ont cru aux espérances de 1962.