Unknown-10201677.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxLe samedi 3 février 2018, dès la sortie de l’Hôtel de ville, direction : le cinéma Les 3 Luxembourg (67 Rue Monsieur le Prince,

Paris 6ème). Vous achetez votre place [réduction spéciale].

A 20h précises : projection du dernier film de Merzak Allouache « Enquête au paradis », suivie d’un débat avec le

réalisateur, animé par Georges Morin.

Le Canard enchaîné, LHumanité, Les Inrocks, Libération, le Monde, Slate.fr et Télérama lui ont consacré des articles élogieux.

Commentaire sur le film:

Il faut remonter aux débuts de ce cinéaste : Omar Gatlato (merveilleux premier long-métrage algérien, 1976), mettait déjà en scène les frustrations sexuelles des jeunes Algériens, réduits à utiliser la modernité de l’époque, le magnétophone, pour rêver d’une fille, puis pour tenter de l’approcher.

L’article du Monde http://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/01/17/enquete-au-paradis-les-72-vierges-du-desastre_5242776_3476.html#VhcpIxmri0y3zoL5.99 sur Enquête au paradis insiste sur la richesse des interventions des intellectuels algériens, femmes et hommes, qui dénoncent en même temps la débilité et la dangerosité des islamistes, et la responsabilité d’un Etat algérien qui leur laisse déployer leur propagande en proclamant qu’il est le seul rempart contre eux. Pour moi, ce film, dont le montage (trop long…) a sans doute été mené à l’économie, est splendide, parce que l’image en noir et blanc est émouvante, parce que les deux « journalistes » sont drôles et ne se prennent pas au tragique, parce que les deux pôles de cette Algérie sont réellement regardés en profondeur (lointain Sahara de Timimoun, quartiers d’Alger des classes moyennes).

Il nous importe d’en savoir plus sur ce que les Algériens du commun veulent bien dire sur la religion (et surtout leur manière d’esquiver toute discussion sur ce sujet, aussi bien à la sortie d’un lycée à Alger que sur un marché à Timimoun). Ce que disent des gens pieux et simples est le meilleur du film : confiance naïve dans la toute puissance divine, dans le fait que les imams disent la parole divine : 72 houris, ça peut être étrange, mais si Allah l’a dit… Le discours intégriste sur le paradis est non seulement absurde, mais assez comparable à celui des prédicateurs télévisuels de l’intégrisme chrétien ou juif, discours où l’au delà est une marchandise à vendre au meilleur acheteur. Allouache fait parler plus longuement (et c’est plus facile…) des intellectuels de diverses professions, qui nous disent leur révolte. Plus que celle-ci il faut écouter attentivement leur désarroi devant un pays où ils se sentent isolés, où ils ont connu pendant dix ans le danger, voir l’élimination, ou bien l’exil. Certains, comme Kamel Daoud, savent parler clairement du présent de leur lutte, d’autres sont coincés sur l’étroit sentier qui sépare un islamisme insupportable et un Etat algérien dont ils n’attendent plus rien, après en avoir longuement dépendu, bien sûr matériellement, mais plus encore moralement. (C. Bataillon)