Entretien au MODEL 2019 : Jean-Paul Chagnollaud  Avec Sean Rose Moyen-Orient : Idées reçues sur une région fracturée 

Il faut combattre les idées reçues sur le Moyen Orient et le Maghreb. Le Moyen Orient s’intéresse à nous, même si ne nous intéressons pas à lui.L’Orientalisme a longtemps véhiculé ses fantasmes.L’Histoire se lit sur plusieurs siècles, les périodes sont différentes, tantôt ouvertes et cosmopolites, tantôt fermées vers un repli identitaire.Comme en Turquie par exemple. Autrefois, dans ces pays orientaux, régnait le cosmopolitisme: les différentes cultures, coutumes, religions vivaient sans heurts, côte à côte mais pas ensemble.Il y avait d’un côté les musulmans, de l’autre les non musulmans. Les non musulmans bénéficiaient d’une réelle autonomie mais étaient astreints à un impôt spécifique.Les règles n’étaient pas les mêmes pour tous.A la fin du XIXème siècle, les Arméniens en Turquie ont été considérés comme des menaces par le pouvoir central.Cela a donné lieu à des véritables massacres. Jusqu’au génocide de 1915-1918 : L’Etat nation est imposé en quelques jours.Naissent alors d’autres états nations comme le Liban, l’Irak avec les déséquilibres qui vont avec.

La démocratie est-elle impossible au Moyen-Orient ?Il y a contradiction entre les sociétés et les états. Les sociétés seraient ouvertes à la démocratie, elles y aspirent. Mais les états sont souvent confisqués par des clans, des familles. La privatisation de l’état entraîne l’étatisation de la société.Ces clans ou familles confisquent le pouvoir et rendent ainsi toute possibilité de démocratie vaine.Exemple : Le Kurdistan partagé entre deux familles.Les démocraties sont donc étouffées par les états.

Quel est le poids du religieux ?L’islamisme est le vrai visage de l’Islam.Les mouvements politiques instrumentalisent la religion, ce qui devient source de conflits politique et religieux. Voir le Hamas en Palestine.Il y a l’idée d’identité. Il faut déchristianiser le droit (comme le firent ceux des Lumières en Europe). On en revient au « repli utérin » évoqué tout à l’heure par Régis Debray.La religion est partie prenante de l’identité. Il y a souvent faillite de l’état, comme en Irak, ce qui amène à un dangereux retour à la communauté, souvent religieuse.La religion jour le rôle de marqueur. (Monique Chaïbi)