Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, 660 pages, Vendémiaire, bibliographie, 2018. Le cœur du livre décortique les événements clés et dissèque les témoignages et documents, mais aussi les témoins qui ont su interpréter l’événement : Jean Daniel, Mouloud Ferraoun, Letourneau. Les conclusions des chapitres permettent de comprendre à quel point le FLN était divisé, faible… sauf que c’est le seul interlocuteur et que De Gaulle n’a pas eu d’autres choix que de dialoguer avec ses acteurs, incerains et contradictoires tout comme les desseins de De Gaulle lui-même. Par exemple, en Décembre 1960, on voit agir côte à côte les SAU (Sections d’administration urbaine de l’armée française, homologues des SAS) et le FLN pour organiser à Alger des manifestations « spontanées », à quelques heures l’intervalle ; c’est ainsi que se « fabrique » un projet « national » incertain. Puis une série d’études examinent à la loupe les moments les plus controversés : pour chacun de ceux-ci une histoire particulière est composée, depuis les récits d’époque, jusqu’aux interprétations successives qui se succèdent jusqu’à nos jours. Si peu de controverses se développent pour le 8 mai 1945 ou le Ier novembre 1954, le 20 aout 1955 fait débat durablement, tout comme le 13 mai 1958, ou plus encore le 17 octobre 1961 à Paris, tout comme la fin réelle de cette guerre civile asymétrique et atypique, qui ne peut être commémorée, à la différence d’une « bonne guerre » internationale, où des belligérants se « mettent d’accord » sur une fin officielle. (Claude Bataillon)

Vient ensuite une démonstration sur les « mémoires antagonistes », où les composantes françaises sont beaucoup plus connues que leurs vis-à-vis algériennes. Puis une réflexion sur le rôle de l’historien, qui pour Pervillé doit savoir mettre à distance ses propres actions de militant ou de participant de la mémoire quand il écrit en historien (pour ce livre, l’auteur a été accueilli en dédicace au MODEL 2019)