110881_couverture_Hres_0Valérie Zenatti, Jacob, jacob, Editions de l’olivier, 2014, 166 p.

Ce livre obtient en 2015 le prix du Livre inter, il est parmi les livres sélectionnés pour le prix des lecteurs « Coup de cœur » de Coup de soleil du cycle 2015- 2016. D’après l’Express : « C’est l’histoire d’une photo. Quatre jeunes hommes posant fièrement devant une réplique du Normandie, à Alger. « Vive l’armée française », trace l’un des appelés, Jacob Melki, en ce mois d’août 1944, à la veille du débarquement en Provence. Jacob, natif de Constantine, mort à 19 ans, 7 mois et 10 jours sur le front alsacien, n’est autre que le grand-oncle de Valérie Zenatti. Et une figure emblématique de la famille maternelle de la romancière de 44 ans, qui, élevée en Israël, s’est longtemps tenue à l’écart de cette parentèle.

A partir de ce visage et des souvenirs de sa grand-mère Madeleine, l’auteur d’Une bouteille dans la mer de Gaza brode une superbe tapisserie, ressuscitant, par la grâce de sa langue, au rythme des mélopées arabes, la vie d’une famille juive dans l’Algérie des années 1940 et les combats éprouvants des troupes menées par le général de Lattre de Tassigny.

Sous le ciel bleu de Constantine, les femmes ne sont pas à la fête. Tout du moins chez les Melki, dont le patriarche, cordonnier de son état, rudoie les siens, dans la promiscuité et la pauvreté. Au sein de cette société archaïque, Madeleine, l’épouse -corvéable à merci- du fils aîné, se prend à rêver à une « vie chimérique où les hommes parleraient aux femmes comme à des êtres précieux, dignes de respect et d’amour ».

Seul Jacob, le gentil lettré, illumine le foyer. Las ! Voilà le cadet, adulé par sa mère, sommé d’aller défendre la France… D’une guerre à l’autre. Gabriel, fils de Madeleine, se bat contre les fellagas tandis que l’assassinat du maître de la musique arabo-andalouse, cheikh Raymond, le 22 juin 1961, sonne le glas de la communauté juive d’Algérie. Jacob, Jacob, murmure aujourd’hui une descendante, le coeur serein d’avoir rendu hommage à ses disparus ».

Langue remarquable par son rythme, ses mélopées, sens des phrases chez ceux qui « prient en araméen et en hébreux, parlent en arabe et en français ». Capacité de remémorer ce qu’on n’a pas connu. Fraternité de destin entre ceux qui ne sont pas encore des pieds-noirs chrétiens ou juifs ou des algériens musulmans, mais des enfants d’une ville qui doit se souvenir, Constantine.