Safia Areski: entretien animé par Loïc Barrière: De l’ALN à l’ANP: la construction de l’armée algérienne, 1954-1991, Saphia Arezki
LB : Comment vous est venue l’idée de parler de l’Armée?
SA : J’ai eu accès à la base de données de militaires algériens.
LB : Quelles difficultés avez-vous rencontré devant la légendaire opacité de l’armée?
SA : Il est difficile de trouver des archives après 1962. Par contre, il y a les archives françaises. Et beaucoup de « légendes ». A partir de 1957/58 il y a eu des barrages aux frontières pour bloquer les sorties. Les plus gradés sont ceux qui ont pu traverser les frontières jusqu’en Tunisie. Mais les militaires français surnommés les DAF*, ne sont pas tous des déserteurs et ont attendu la fin de la guerre. Les plus hauts gradés algériens viennent du triangle B.T.S (Batna, Tebessa, Souk-Ahras).On ne peut affirmer qu’ils venaient tous de ces villes, mais la logique démographique des maquis montre qu’ils étaient plus nombreux à l’Est du pays.
LB : Comment ces soldats sont-ils devenus une armée régulière?
SA : Il a fallu plusieurs années. 86% des hommes de cette région qui se sont engagés étaient analphabètes au départ. Après la guerre ils ont été envoyés en formation en URSS voire en France.
LB : Comment Chadli s’est-il imposé à l’armée algérienne? Il y a eu les émeutes de 1988 et leurs conséquences :La naissance d’un pluripartisme, la liberté de la presse. Une forme de « premier printemps arabe » Qui est l’élu le plus important? Mohamed Mediene*, surnommé « Toufik »?
SA : Oui ce fut une grande figure mais il n’est pas dans les « sources ».
LB : Aujourd’hui sur quel projet travaillez-vous?
SA : Je suis historienne et chercheuse, je me documente sur le théâtre. Et je cherche à rencontrer des fils d’officiers afin de récolter les carnets de ceux-ci…
* DAF Déserteurs Armée Française
* ALN : Armée de Libération Nationale
*ANP : Armée Nationale Populaire
*Médiene dit Toufiq fut un général influent, agent secret de grande influence qui a été dans l’ombre de cinq présidents. Destitué par Bouteflika (Monique Chaïbi)