C’est en reconsidérant le passé islamique, en montrant comment il a fait évoluer sinon muter la civilisation, que les musulmans sortiront des frontières de leur identité restreinte pour agir sur la scène du monde, dans la reconnaissance de ce qu’ils ont été et sont encore capables de devenir. Ce nouvel essai Pari de civilisation propose une série de relectures du Coran et de la Tradition afin de conduire ce travail de mémoire et de dépassement. Il est demandé à l’islam, pour sortir de son marasmer, de rejoindre une modernité à hauteur de ce qu’ont réussi juifs et chrétiens. Pour cela, il ne suffit pas, comme s’y engagent les États islamiques – l’Arabie Saoudite par exemple – d’encourager un « islam du juste milieu », opposé aux interprétations radicales des islamistes. Certes, cet appel à la modération contre toutes les surenchères est fondé sur le Coran. Mais ce pas louable reste, ô combien, timide, surtout par rapport à l’islam en Europe. En effet, les citoyens musulmans du Vieux Continent sont capables de vivre sans restrictions dans l’esprit du droit positif et de la charte des Droits de l’Homme, en se détournant de toute référence à la sharî’a. Ils sont en mesure de pratiquer un culte spiritualisé, nourri, entre autres, par le riche fonds du soufisme. Ce n’est pas dans le déni de soi mais dans son affirmation libre que le sujet d’islam sera un acteur efficace dans l’horizon d’une cosmopolitique post-occidentale.
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