La couverture nous montre deux messieurs souriants. Cyrulnik, né en 1937, est fils de juifs d’Europe orientale qui ne survivent pas à la shoah. Il devient médecin- psychanalyste. Il ne cesse de réfléchir sur le monde juif dont il est issu et de critiquer ce que la négation du conflit israélo-palestinien a fait du Moyen Orient. La guerre d’Algérie est au cœur de sa formation d’adolescent et de jeune homme. Boualem Sansal, de 12 ans son cadet, se forme dans l’Algérie récemment indépendante comme ingénieur et économiste, devient responsable d’entreprises publiques, et se met à l’écriture à la cinquantaine pendant la guerre civile de la « décennie noire », pour dire sur son pays ce que ni les milieux au pouvoir ni les conservateurs religieux ne veulent entendre. Si leur dialogue commence en parlant du hirak, il ne cesse de se déployer vers tout ce qui permet de dépasser la violence dans laquelle leurs vies ont été plongées. Ils nous rappellent (p. 90 sq) que les deux Etats, Algérie et Israël, sont nés d’une violence qui s’impose par le terroriste et de l’appel aux grandes puissances, consentantes parce que non concernées. Ce sont deux combats laïcs, qui très vite instrumentalisent le religieux. Leur commentaire sur la naissance de l’Etat algérien et son développement sous Boumédiène (p. 194-217) replace cette Algérie dans un cadre plus large, incluant l’Iran et la Turquie. C’est avec rigueur que l’un et l’autre auteur replacent dans une histoire revisitée l’actualité politique du hirak, leur point de départ.
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