Film : De l’Algérie française à l’Algérie algérienne, deux épisodes de 63 minutes
Par Marie Colonna (2003 : harki, un traître mot) et Malek Bensmaïl (2010 : reportage dans la bourgade des Aurès où la guerre a commencé en 1954, et précédemment plusieurs autres documentaires)
Nous, des membres de Coup de Soleil Midi-Pyrénées, assistons à la projection le 1er juin 2012 au cinéma Utopia de Tournefeuille. Quelques incidents techniques nous font perdre des séquences au milieu de la séance. Près d’une centaine d’assistants, plus de 15 discutants pour ce film destiné à la télévision (prévu pour les 3 et 10 juillet 2012 à 22h30 sur France-3).
Mosaïque d’entrevues de témoins « des deux bords » racontant l’Algérie depuis mars1962 (signature des accords d’Evian) jusqu’à septembre (intronisation du président Ben Bella), avec en contre point des images de l’époque. Gouvernement provisoire, tentative par l’OAS d’une « ville libre » à Bab el Oued, exode des pieds-noirs, des harkis, combats entre autorités provisoires algériennes et armée du FLN des frontières. Du côté pieds-noirs, on a face à face cette vieille dame qui tranquillement savait dans quel placard étaient cachées les armes qu’elle « ignorait » et ces deux médecins qui savaient depuis longtemps que l’indépendance algérienne était inéluctable.
L’une des deux auteurs, Marie Colonna, commente le film et répond aux questions. Elle et Malek ont chacun fait son casting, sélectionnant des témoins aussi variés que possibles, menant les entrevues et réalisant un premier montage avant de réunir leurs matériaux pour un montage commun introduisant les documents d’époque.
Les commentaires et les questions proviennent surtout de spectateurs qui ont vécu ce 1962 comme enfants ou adolescents, qui aussi se souviennent des réactions des adultes à l’époque, plus quelques uns de ceux-ci qui maintenant ont dépassé 70 ans. Domine la vision d’un gâchis. Pour certains, inéluctable (« la guerre a commencé en 1830 »). Pour beaucoup le regret de l’échec d’une cohabitation pour laquelle a manqué un Nelson Mandela ; en contraste beaucoup accusent le double machiavélisme des politiques, d’un côté les chefs de l’OAS suicidaires ou le double langage gaullien, de l’autre les « marsiens » (pro- FLN qui se découvrent patriotes en mars 1962) et les chefs de l’armée des frontières qui donne le pouvoir à Ben Bella, et trois ans plus tard à Houari Boumediene