Présentation du film La bande des Français, suivie d’une discussion (A. Bennin, P. Boucheron, A. Charon) = 6 euros, plus la galette des rois pour ceux qui s’inscrivent auprès de Coup de soleil georges.morin@coupdesoleil.net (12 euros). Pour tous ceux qui s’intéressent à ce qui fait une France solidaire…
Difficile de relater cette soirée : une partie de nos souvenirs vient du film lui-même, dans le cadre « Le tour du jour – Nouveaux territoires documentaires ». La bande des Français, a donc été projeté au théâtre de la Gaité lyrique, où nous étions une grosse centaine (avant le film est passé sur la 3 –production France 3 Centre – en décembre 2017, puis en salle à Paris au Louksor) ; puis nous avons écouté, questionné, la brochette d’ « acteurs », réalisatrices, commentateur. Enfin à une douzaine (les intervenants ci-dessus et une poignée de membres de Coup de soleil) nous avons partagé la galette des rois et le cidre en continuant échanges et discussions. Donc difficile de distinguer à chaud ce que j’ai retenu du film, de la discussion en salle, de la conversation autour de la galette.
Avant tout un refus de la déprime : dans des situations difficiles, le positif peut primer. Le film nous donne des éclats de rire joyeux : comment faire démarrer dans la Somme un tracteur antédiluvien sur une exploitation agricole bio ? Comment faire le tour de France en une minute : en faisant tourner Amir ou Sophia autour de Martin. Les acteurs affichent sur les murs des sentences (qui sont distribuées au public dans la salle ; deux exemples « en France, il nous faudrait un ministère du bonheur » ou « on ne va pas se ranger sagement dans des cases » #labandedesfrançais).
Je comprends que les réalisatrices Amélie Bonnin et Aurélie Charon, toutes deux de Châteauroux, se sont connues au lycée à Tours puis à la fac à Paris. Qu’après deux séries radio (Une série française, 2015, France Inter, 9 séquences https://www.franceinter.fr/emissions/une–serie–francaise
; Jeunesse 2016, France Culture https://www.franceculture.fr/emissions/jeunesse–2016
) elles se lancent dans le visuel en organisant les séances Radio live où elles transforment en famille une série de jeunes, qui se retrouvent à Châteauroux, mais aussi à Reims ou ailleurs en France, bientôt à Tunis. Aurélie, revenant de travailler à Beyrouth, Téhéran et autres lieux, a voulu faire parler des gens en France. Ces gens ne peuvent pas parce qu’ils sont coincés. Interrogés sur leur désir d’avenir, bien des jeunes au lieu de vocations concrètes n’énoncent que les initiales des formations qui peut-être leur assureront un emploi, voire une carrière. Quatre des jeunes rencontrés par Aurélie sont nos « acteurs ». Martin France (ça ne s’invente pas) est fils et petit fils d’agriculteur de la Somme et connaît les villes sur le tard ; chez lui personne ne connaît le drame israélo-palestinien et on pense qu’il s’agit d’une querelle entre deux équipes de foot : USBOLA contre Bande de Gaza. Heddy (Marseille, quartiers nord bien sûr) est boxeur et homme de théâtre… après avoir quitté l’école après la 3eme, à cause d’une « orientation » mal conseillée. Sophia Hocini, avec qui nous conversons, est journaliste (association la-zep.fr), engagée politiquement, kabyle d’un village perché née dans une famille de neuf enfants, père instituteur qui a dû fuir en France après 1990 « la première chose que j’ai su dire en français, c’est : je n’ai pas de cartable… quand j’arrivais en classe pour la première fois… » Enfin Amir Hassan est une vieille connaissance. Il est Gazaoui (chez lui la campagne n’existe pas), parisien depuis ses 23 ans, son père collectionne là-bas des Tour Eiffel, sa France est celle des chansons des vieux d’ici (Barbara…). Ici il enseigne l’arabe, écrit des poèmes en français, est rédacteur (en chef, mais sans journalistes sous ses ordres) de l’hebdomadaire culturel en ligne de notre association Coup de soleil (« le VAC » https://coupdesoleil.net/agenda-culturel/) à qui rien n’échappe sur le Maghreb : télévision, radio, films, conférences, expositions, livres, presse. Il nous rappelle que ceux qui sont violents, c’est qu’ils n’ont pas de mots et qu’en France heureusement ceux qui sont violents n’ont pas d’armes.
Le film aurait pu s’appeler « made in France »… On y évoque le traumatisme de 2002 : second tour des présidentielles Chirac/ Le Pen, les traumatismes de 2015, janvier puis novembre. L’invité est l’historien Patrick Boucheron, auteur avec Mathieu Riboulet de Prendre dates. Paris, 6 janvier-14 janvier 2015, aussi coordinateur de Histoire mondiale de la France (2017). Il nous dit qu’il faut « proposer à la jeunesse un « nous » qui respire un peu mieux. Et affirme que l’histoire doit aider à rester en mouvement, à comprendre ce qui aurait pu advenir.