L’exposition Juifs et musulmans de la France coloniale à nos jours (Avril- 17 Juillet 2022) porte un regard neuf et documenté sur l’histoire des relations entre juifs et musulmans en France en révélant le rôle essentiel de la France et de l’État dans la transformation de ces relations, tant en Afrique du Nord qu’en France métropolitaine.
L’histoire des relations entre juifs et musulmans en France est mouvante, complexe et ancienne. Souvent réduite aux tensions actuelles et à l’image d’un conflit héréditaire entre deux groupes présentés comme des « frères ennemis », elle prend sa source dans l’espace colonial du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et se poursuit depuis les années 1960 en France métropolitaine. La France est aujourd’hui le pays qui compte les populations les populations juives et musulmanes les plus importantes d’Europe (texte tiré du site web du Musée de la Porte dorée à Paris).
Après l’exposition de l’IMA (2021- 2022) https://coupdesoleilsud.fr/2021/12/13/juifs-dorient-exposition-institut-du-monde-arabe-2021-22/ une nouvelle présentation, ciblée cette fois sur la politique coloniale et post-coloniale française. On y apprend que le statut de dhimmi (sujet « inférieur » non musulman en pays musulman) appliqué aux juifs a pris fin en Algérie dès 1830 (les juifs deviennent des sujets indigènes comme les musulmans avant que le décret Crémieux de 1870 en fasse des citoyens français), puis qu’il a été aboli dès 1856 dans la Régence tunisienne alors indépendante avant le protectorat français, et enfin que le royaume chérifien du Maroc y a mis fin juste après la fin du protectorat, en 1956. En Tunisie comme au Maroc tout au long du XIXe siècle, des musulmans, mais bien plus encore des juifs, obtiennent des « citoyennetés consulaires » délivrées par les Etats européens (France, Angleterre, Espagne, mais aussi Florence (pour les juifs de Livourne) avant le royaume d’Italie.
On apprend comment juifs et musulmans, en général commerçants, jouent des rôles essentiels de traducteurs- interprètes en contact avec les puissances européennes. On nous rappelle le rôle essentiel des écoles de l’Alliance israélite universelle dans la pénétration de la langue française en Tunisie et au Maroc.
Les discriminations pendant la seconde guerre mondiale sont différentes dans les trois pays du Maghreb pour les juifs, comme leur départ à partir des années 1950 vers la France, vers le continent américain ou vers Israël.
Beaucoup de documents montrent les formes de cohabitation entre les deux religions, sous les différents régimes coloniaux français, mais aussi dans l’immigration en métropole. Claude Bataillon)