Un grand petit livre (invité au Model 2022 en dédicace)
Très court, vite lu, ce livre est comme une balle qui nous atteint au cœur et laisse une trace indélébile. C’est l’histoire de Fabien, un gamin d’une école de Sarcelles (banlieue nord de Paris) qui aime la poésie et, en particulier Prévert. Il en écrit beaucoup, il les lit autour de lui, à ses parents, à son instituteur.
Mais le jour même où celui-ci lui a demandé de lire ses poésies devant la classe, ses parents l’embarquent pour un départ précipité et clandestin vers un paradis nommé Syrie, Califat, Daesh. Ce qu’il va alors découvrir et nous avec lui c’est bien plutôt l’enfer. Un envers du décor, une rapide dégradation, toutes les désillusions, les mensonges, la honte et l’horreur absolue… Mais Fabien continue vaille que vaille à se réfugier dans la poésie.
Jusqu’au camp d’internement kurde où les dernières familles des soldats de Daesh sont enfermées dans l’attente d’éventuels procès ou d’expulsion vers leurs pays d’origine.
La France y laisse croupir dans la merde et la boue les femmes et les enfants d’origine française issues des rangs du califat.
Vu par un enfant poète, qui veut retrouver ses grands-parents, son instituteur et ses copains de Sarcelles, nous sommes bien sûr enclins à mieux comprendre pourquoi il est urgent et vital de rapatrier ces femmes et ces enfants et de ne pas exiger des forces kurdes qu’elles continuent à les garder.
Moyen choisi par l’auteur Rachid Benzine de nous faire admettre ce retour qu’une grande partie de l’opinion publique refuse ? Peut-être. Mais au-delà du procédé, ce livre nous parle d’émotions, de tendresse, d’amour de la poésie, d’enfance. Et en cela ce livre est un grand livre qui va marquer pour longtemps.
Caillou