Au théâtre, Mouloud Feraoun
Journal 1955- 1962 Le contraire de l’amour, au théâtre Maison des métallos, Paris
Metteur en scène : Dominique Lurcel Avec : Compagnie Passeurs de mémoires
Le spectacle tiré de ce journal, au delà de l’intense émotion, au delà aussi de la personnalité de Feraoun, est un témoignage sur la Kabylie, puis sur Alger, pris dans la guerre. Ce journal est destiné, dès le départ, à être publié en France, chez Le Seuil « quand ce sera la paix »… Assassiné par l’OAS, l’auteur est enterré le jour de la signature du cessez le feu. Feraoun est viscéralement « anti- nationaliste », de par sa culture française d’instituteur laïc. Le récit tiré du journal est une auto analyse de la séparation qui s’opère au jour le jour entre Algériens et Français (il est les deux), de la complexité algéro-française qui ne cesse de le hanter. Une bonne analyse du journal, des Centre socio-éducatifs où Feraoun travaille à partir de 1960, mais aussi du personnage et des interprétations simplificatrices ou manipulatrices qui se sont emparées de lui, nous est donnée par Sylvie Thénault (Revue 20e siècle, 1999, vol 63, p. 66-74). Feraoun devient nationaliste par la force de la guerre, sans adhésion au FLN, musulman mais sans religion, algérien d’une Algérie qui ne saurait exclure Camus ou Roblès
En après- spectacle, le 16 novembre 2012, un dialogue avec Danielle Michel-Chich, auteur de Lettre à Zorah D (à cinq ans elle est gravement blessée à Alger par l’explosion de la bombe posée en 1956 par Zorah). « Juive pied-noire », Danielle insiste sur la nécessité de comprendre et d’admettre la complexité de la symbiose algéro-française pour en finir avec la guerre des mémoires qui sévit encore au bout d’un demi-siècle.
l existe un video de la lecture du Journal de Mouloud Feraoun au Maghreb Orient des livres de février 2018 par la Compagnie du dernier étage.