Jacques Ferrandez est l’auteur de la grande saga algérienne en BD, Carnets d’Orient. Coup de soleil lui doit aussi, tiré de l’affiche du Xxe Maghreb des livres (2014), la bandeau qui s’est affiché autrefois sur notre site web.
Il a déjà adapté la nouvelle de Camus, «L’Hôte», en 2009. Depuis des années, il rêvait d’adapter Camus. Il s’est donc attaqué à la nouvelle L’Hôte après avoir achevé sa saga « Carnets d’Orient », qui couvrait une grande partie, de l’histoire de l’Algérie, de la colonisation à l’indépendance. La nouvelle met en scène un jeune instituteur, Français d’Algérie, vivant « comme un moine » dans le djebel. Il partage son exil volontaire entre enseignement et lecture. Un jour d’hiver, il est chargé par un gendarme d’acheminer un criminel à la prison la plus proche. Le jeune enseignant se refuse à ce type de « combat » et offre à son prisonnier le choix : rejoindre la prison ou une tribu nomade voisine.
Comme dans d’autres textes de Camus, le destin des deux personnages se confronte, ici dans la solitude des montagnes et dans l’exil volontaire, au risque de l’absurde et à l’exigence de justice. Mais L’Hôte se clôt sur un coup de théâtre. Jacques Ferrandez a donné chair et émotion à ce face-à-face entre deux dignités humaines, sans pédanterie ni simplification. La beauté des aquarelles habillant ses décors et le découpage subtil de cette dramaturgie classique n’auraient sans doute pas déplu à Camus, cet « homme des hauteurs » comme le désigne, dans sa préface à la BD, l’écrivain algérien Boualem Sansal.
Yves-Marie Labé
En 2015, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de l’écrivain, l’artiste publie une adaptation de L’Étranger, qui restitue à la fois l’ambiance de l’époque et l’esprit des lieux. Art de la mise en scène, luminosité des aquarelles,richesse des décors. Jacques Ferrandez offre une relecture passionnante du roman d’Albert Camus, sans en épuiser le mystère.
Jacques Ferrandez a été invité, dans l’espace Coup de Soleil, à la Comédie du livre de Montpellier, en 2015