Dans la salle de la médiathèque Saint-Exupéry du quartier Bagatelle à Toulouse, quelque 80 personnes pour dialoguer avec Rachid Benzine. Nous sommes quatre de coup de soleil : Claude, Claudine, Françoise, Isabelle. Certes beaucoup sont venus pour échanger sur son dernier livre, Les silences des pères. Il nous dit qu’il a découvert comment son père et son grand-père dialoguaient en s’envoyant par la poste des cassettes audio, que son père avait conservées. Celui-ci explique à Rachid que s’il a si peu parlé à ses enfants, c’était « pour ne pas alourdir leur cartable avec des pierres ».
La réunion organisée pas Rachida accueille un groupe d’élèves (CM2 ?), cinq filles et un garçon, qui ont préparé une banderole, mais surtout une batterie de questions. D’autres questions proviennent du groupe de lecture de la médiathèque, et d’autres associations. De quoi remplir presque 2 heures de dialogue ou plein de sujets grave sont abordés, dans la joie et le rire.
– Pourquoi ce spécialiste d’économétrie passé à la sociologie et à l’islamologie écrit-il maintenant des romans ? Parce que c’est le vrai moyen de toucher profondément un public large. La fiction est plus forte que les concepts.
– Est ce dur d’écrire ? Oui, plus ce que de parler en public, mais pas tant que ça, parce que pour lui c’est un travail, pas une « vocation ».
– Parler les religions ? Certes Rachid nous dit qu’il est musulman, mais surtout il considère que les différentes religions sont comme des langues différentes, qui doivent dialoguer pour casser les certitudes.
– Les individus ne peuvent vivre sans être reconnus : Reconnaissance affective dès l’enfance, reconnaissance juridique pour fonder l’égalité, reconnaissance au sein de la vie associative (ou professionnelle) parce que c’est dans l’action que l’on s’affirme, pas dans le chagrin. Le chagrin des musulmans comme celui des français vient de leur difficulté d’admettre que certes on hérite d’un empire prestigieux, mais qu’il ne reviendra pas.