Il n’y a pas si longtemps, « noir » était injurieux, il fallait dire « de couleur » : pas un crayon noir, un crayon de couleur ? Ce film montre que le racisme est compliqué, que la naïveté métissée d’humour est une meilleure arme antiraciste que bien des bons sentiments.
Pour qui est coutumier des luttes antiracistes « arabes », savoir que le monde « musulman » n’est pas un, cela fait partie de l’apprentissage de base. Un gros dixième de la population française « arabe » ou musulmane ? Bien sûr, mais composée de couches moyennes et populaires très diverses, rattachées de près ou de loin à trois pays maghrébins composés eux-mêmes de régions très variées. Le roman « 404 » nous le rappelle http://alger-mexico-tunis.fr/?p=2272. Pour le « monde noir » français, en gros deux fois moins nombreux, il est encore beaucoup plus divers : majoritairement issu d’« étrangers » venus d’Afrique francophone depuis une ou deux générations, il est aussi composé des « citoyens » des Départements d’outre-mer. Le film nous montre comment dans la « lutte antiraciste » à la française, les « gaulois », « juifs », « arabes » et « noirs » vivent leurs différences au-delà des convergences ou des bons sentiments. Un Antillais en colère peut accuser un Africain d’être un héritier de négrier. Femmes et hommes de toutes « races » ont du mal à mener le même combat. Au pied de la statue de la République où se conclut le film, le grand rassemblement du combat antiraciste est squelettique : mais comme il est réconfortant pour le héros d’y retrouver son père, dont il doutait qu’il viendrait ?