Au pays, Tahar Ben Jelloun 2009, Gallimard
A quelques mois de sa retraite, Mohamed, contrairement à ses collègues, n’a aucune envie de partir. L’idée de quitter l’atelier où il a travaillé toute sa vie depuis qu’il a quitté le bled, le contrarie profondément. Aussi commence-t-il à faire le bilan de sa vie afin de chasser le malaise diffus qui l’envahit. Il pense à son amour profond pour l’Islam, dont il n’aime pas les dérives fanatiques ; il se désole de voir ses enfants si loin de leurs racines marocaines qu’il a échoué à transmettre ; et prend soudain conscience à quel point la retraite, lentraite comme il dit dans son mauvais français, peut ruiner un homme. Mais voilà que le jour fatal arrive enfin. Un matin, plus personne ne l’attend à l’usine. Mohamed ne tergiverse pas, il prend la route de son village natal au pays, pour aller y construire le seul rêve qui lui reste : une maison, une très grande maison, où toute sa famille pourra venir ‘vivre heureux’. Quand elle lui semble prête, il décide d’inviter ses enfants pour une grande fête. Il s’installe dans l’entrée et commence à les attendre, un jour, deux jours, puis des semaines… Personne ne vient, seule une ombre menaçante rôde autour de lui. Peu à peu, tel un personnage de Beckett, il s’enfonce dans la terre, et finit englouti dans le trou qui s’est formé autour de lui. Les gens du village en font un saint mystique, le saint ‘que la retraite avait tué’.
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