« Le village de l’Allemand » de Boualem Sansal, prix « Coup de Coeur » 2009
(voir rubrique « événements »)
« Tu n’avais pas le droit de vivre, tu n’avais pas le droit de nous donner la vie, cette vie, je n’en veux pas, elle est un cauchemar, une honte indélébile. Tu n’avais pas le droit de fuir, papa.
Je dois assumer à ta place, je vais payer pour toi, papa. » Soit deux frères – les narrateurs du roman -, Rachel et Malrich, nés en Algérie, de mère algérienne et de père allemand, qui ont été confiés à un oncle, en France, dans une cité de la banlieue parisienne. Avec eux, ils emportent l’espoir d’une vie meilleure. Ils ne connaissent rien de leur langue, de leur histoire et de leur famille. Rachel, l’aîné, a fait des études supérieures et a obtenu un poste de cadre dans une multinationale : il est l’exemple même de l’intégration. A dix-sept ans, Malrich est un vrai gamin de la cité qui ne se préoccupe guère de son avenir : c’est sa manière en lui de s’enraciner. Lorsque commence le roman, Rachel vient de se suicider. Malrich découvre le journal de son frère, et avec lui une autre tragédie : en 1994, le GIA a massacré une partie de la population du village d’Aïn Deb, près de Sétif. Leurs parents ont été au nombre des victimes. Malrich, qui cherche à comprendre, décide de mener l’enquête et va affronter une nouvelle révélation : son père, le très respecté moudjahid local, était un ancien nazi qui a œuvré dans les camps de la mort. Il se met à son tour à écrire. Au désespoir de son frère, il oppose sa révolte… Boualem Sansal relie deux guerres, celle de 1939 et celle de l’Algérie des années 90. Il propose une réflexion grave sur les abominations des hommes et l’extermination de masse, et dénonce avec brio les fanatismes religieux et politiques dont l’humanité reste victime aujourd’hui.
B.Sansal a été notre invité, à la Comédie du livre de Montpellier.