A Toulouse, le 2 juin 2013, au « rendez-vous des voyageurs » à la Colombette, nous recevons le doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Tunis, connue sous son nom de La Manouba.
Le doyen nous décrit le conflit qui pendant des mois, en 2011 et 2012, a opposé cette communauté universitaire à un petit groupe de pression salafiste, composé de jeunes qui presque tous n’appartenaient pas à cette Faculté de la Manouba. L’enjeu : imposer une pratique « religieuse » extrême (séparer femmes et hommes, implanter des salles de prière, obliger les filles au port du « voile intégral » = niqab). Un film- reportage nous montre la phase aigüe du conflit. Le livre de Habib Mellakh, Chronique du Manoubistan (2013, Ceres Editions, Tunis, 327 p.) décrit le déroulement entre décembre 2011 et août 2012. Ce doyen de la Manouba que nous accueillons est Habib Khazdaghli, qui a préfacé le livre et qui est devenu le symbole de ce conflit.
Habib MELLAKH – « Chroniques du Manoubistan » (éd. Cérès) 2013. Ces Chroniques du Manoubistan reconstituent les épisodes d’un étrange feuilleton qu’on pensait d’un autre âge. Les évènements se sont déroulés à la Faculté des Lettres de La Manouba, devenue le matin du 28 novembre 2011 l’objet d’une conquête (ghazoua) salafiste. Elles retracent, de jour en jour, la montée de la violence jusqu’à l’absurde comparution du doyen Kazdaghli, accusé d’agression contre des étudiantes en niqab venues saccager son bureau. Un retournement invraisemblable où, de victime, il devint coupable. Ces pages sont aussi un recueil de chroniques tunisiennes qui rappellent l’existence en Tunisie d’autres « Manoubistan » et que ces évènements font partie d’une campagne savamment orchestrée d’atteinte aux libertés. Des évènements qui prouvent aussi à quel point cette offensive liberticide a pour objectif de mettre en péril le projet moderniste tunisien. Véritable journal de combat et de défense des valeurs humanistes, ces chroniques sont enfin un hymne à la liberté et à la résistance des hommes et femmes du savoir, de la culture et des arts. En dénonçant les briseurs de rêves, elles incarnent un espoir : que la Tunisie soit à « la hauteur » de sa Révolution.
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