Les chevaux de dieu, Nabil Ayouch, 2012
Les Etoiles de Sidi Moumen », Mahi Binebine, Flammarion, 2010
Le roman avait obtenu en 2011 le prix « coup de cœur » de l’association Coup de soleil(sections Montpellier,Toulouse…). Nous avions, du côté des toulousains, reçu l’auteur à la bibliothèque municipale de Croix-Daurade, il nous avait parlé du livre, mais aussi de sa vie de peintre. Faut-il dire que, paradoxalement, la bande d’adolescents du bidonville de Sidi Moumen, à Casablanca, débordait de vitalité, parfois de joie (les « étoiles » de l’équipe de foot) ? La chaleur des personnages « étoiles » est au cœur du récit.
Il en est sorti un film incontestablement bien plus sombre. Les chevaux de dieu, c’est presque un documentaire, où les rythmes, les tressages du récit, la violence saisie au quotidien des acteurs, qui ne sont pas des professionnels, incitent plus à s’indigner devant les manipulateurs qui téléguident les jeunes kamikazes – victimes, qu’à s’attacher à ces derniers.
Nabil Ayouch (pour Télérama) souligne comment il a voulu que le bidonville, lui aussi, soit un personnage du film. « [j’ai] utilisé par moments une caméra très proche des personnages à l’intérieur du bidonville et, à d’autres moments,[j’ai] pris de la hauteur pour montrer cette étendue de tôles, comme une prison à ciel ouvert. […] être à la fois avec les personnages, dans le bidonville, puis prendre de la hauteur, avant de redescendre au niveau des personnages. […] il y avait beaucoup d’obstacles, des poteaux, des antennes, et je voulais qu’on zigzague au dessus du gamin pour dessiner le chemin du personnage à travers les venelles jusqu’à son frère. […] Il y avait une chorégraphie assez précise et un mouvement délicat à la fin pour basculer à nouveau dans l’intimité. […] Ça me fait plaisir d’en parler car c’est pour des plans comme ça qu’on se bat dans le cinéma, pour cette magie qu’on arrache au moment du tournage. […] Et c’est fort parce que ce n’est pas seulement une prouesse technique. La difficulté du plan est justifiée par ce qu’on raconte : des retrouvailles après une longue séparation. La course à travers le bidonville permet de dire la joie, l’attente et l’espoir accumulés au fil des années, et puis soudain la confrontation avec une réalité inattendue : le frère est revenu mais il n’est plus le même […]
Pour que le Maroc, pour que le Maghreb, sachent que c’est au coeur des sociétés que naissent les terrorismes « religieux ».
Beaucoup plus « soft » bien sûr, le film La source des femmesmontre pour ce même Maroc que c’est quand la société locale refuse l’enfermement des femmes que l’intégrisme perd la partie http://midi-pyrenees.coupdesoleil.net/lev_details.php?levID=197
(Claude Bataillon)