Jean Daniel, Les miens, Folio, 2010
Le Jean Daniel qui a écrit ce livre n’est pas le journaliste, ni le spécialiste du Proche-Orient, ni l’éminent exégète des secrets de la gauche française… Non, c’est plutôt l’homme intime, l’écrivain du ‘Refuge et la source’, qui a voulu, au soir d’une vie exemplaire, assembler dans un même mausolée tous les êtres qu’il a aimés et admirés, et qui l’ont précédé dans un hypothétique au-delà. Ce livre grave, solennel, mais encore vibrant de souvenirs et de sensations, aurait pu s’intituler ‘Présence des morts’. Voici donc ceux que Jean Daniel appelle ‘les miens’ : il y a là des figures aussi diverses que François Furet et Germaine Tillion, Malraux et Sartre, Michel Foucault et Jules Roy, Roger Stéphane et Maurice Clavel, Marie Susini et Roland Barthes, Sagan et Derrida… Au total, quarante-trois figures qui, ensemble, composent en creux un portrait très personnel de celui qui les rassemble. Bien sûr, Camus, mais aussi la propre mère de l’auteur, bouleversante, occupent une place à part dans ce panthéon du coeur. Certains de ces portraits furent, en leur temps, des nécrologies écrites, ‘à chaud’, mais tous ont été repensés au regard des postérités capricieuses et forment, au final, une fresque du demi-siècle.