Les membres de Coup de Soleil / Midi- Pyrénées ont organisé en 2007 au Musée de la mémoire du Récébédou (Portet-sur-Garonne) une présentation du livre de Jean-Louis Planche Sétif 1945, histoire d’un massacre annoncé, Perrin 2006, 422p., livre qui ouvrait un dossier de l’histoire des dix ans qui précédent la guerre d’Algérie. La même année, sur cette même période, est paru un autre ouvrage essentiel : Marcel Reggui, Les massacres de Guelma, Algérie mai 1945 : une enquête sur les furies des milices coloniales, préface de Jean-Pierre Peyroulou, La découverte 2006, 192p. Ce rapport resté inédit pendant soixante ans a été rédigé par un intellectuel, qui appartenait à une famille guelmoise exceptionnellement francisée victime des massacres.Trois ans plus tard, Peyroulou nous donne une analyse extrêmement fouillée de ces mêmes massacres de mai-juin, Guelma 1945, une subversion française dans l’Algérie coloniale, La découverte, textes à l’appui/ études coloniales, 405p.Ce livre remonte au temps d’une Algérie où la « paix coloniale » n’empêche pas (entre les deux guerres mondiales) que les colons paient aux douars proches une « assurance » pour éviter le vol périodique de leur bétail. En1945 l’Algérie n’est plus une colonie endormie, mais elle vient d’être le cœur de la France libre depuis 1943.
A Guelma la toute petite société européenne s’organise pour réprimer une révolte musulmane qui n’a pas eu lieu le 8 mai 1945. En ville, toutes les familles se connaissent, musulmans, juifs ou chrétiens. La « répression » de la « révolte » est le fait d’un groupe de citoyens, armés par le sous-préfet lui-même, qui puise légalement dans les stocks des unités militaires locales. Les victimes en ville sont presque toujours des notables et militants nationalistes connus ou supposés. A la campagne la répression s’attaque en bloc aux douars ou aux familles. Les massacres tuent entre 600 et 1500 hommes. Cette « subversion française » annonce les subversions de l’ordre républicain français que produira à partir de 1954 la guerre d’Algérie.