José-Alain FRALON : « Jacques Chevallier, l’homme qui voulait empêcher la guerre d’Algérie » (éd. Fayard), 2012. Juin 1962 : l’Algérie française vit ses derniers instants dans une violence crépusculaire. L’OAS menace de détruire Alger et le FLN se prépare à lancer un millier d’hommes sur les quartiers européens. Jacques Chevallier va réussir à éviter le pire en permettant un compromis entre les ennemis irréductibles. Destin exceptionnel que celui de cet homme qui, à onze ans, débarque à Alger avec sa mère, américaine de Louisiane, et son père, descendant de Français installés en Algérie depuis deux générations. Plus jeune maire de France en 1941, honorable correspondant des services secrets du général de Gaulle à Washington en 1944, il est élu triomphalement député, puis maire d’Alger, avant d’être appelé au gouvernement par Pierre Mendès France.
Très vite, il comprend que la politique coloniale n’a plus d’avenir et prône un nouveau dialogue entre Européens et musulmans, tout en menant une politique ambitieuse de construction qui va remodeler la ville. S’il a toute la confiance de la communauté musulmane, il devient la cible des ultras de l’Algérie française, qui le font éjecter de sa mairie en 1958 par le général Salan. En juillet 1962, il sera l’un des rares Européens d’Algérie à ne pas choisir l’exil. Ce livre raconte, à partir d’archives inédites et d’entretiens avec des acteurs de ce drame, l’histoire d’un homme qui fut, avec Albert Camus, l’une des figures tutélaires des « libéraux » – ceux-là mêmes qui, si on les avait écoutés, auraient pu empêcher la guerre d’Algérie.