Michel LEVALLOIS – « Ismaÿl Urbain. Royaume arabe ou Algérie franco-musulmane ? » (éd. Riveneuve), 2012. « Le Royaume arabe », symbole de la politique de Napoléon III pour l’Algérie ? Une précédente publication, « Ismaÿl Urbain, Une autre conquête de l’Algérie », a montré cet « homme de couleur » originaire de Guyane, ralliant les saint-simoniens, se convertissant à l’islam en Égypte, arrivant à Alger en 1837 comme interprète militaire, appelé par le duc d’Aumale devenu gouverneur général à le suivre à Alger en 1847, et prenant la défense des Algériens musulmans. Le présent ouvrage relate le combat qu’Ismaÿl Urbain a mené avec ses amis arabophiles après la révolution de 1848 et l’instauration de l’Empire, pour construire une Algérie franco-musulmane et la faire accepter par Napoléon III. À la Direction de l’Algérie du ministère de la guerre, il fut chargé de superviser la détention de l’émir Abd-el-Kader et il rédigea les premiers textes intéressant les Algériens musulmans. Il poursuivit son action comme conseiller–rapporteur au Conseil de gouvernement d’Alger qu’il rejoignit en 1861, par ses rapports, ses correspondances officieuses et par des campagnes de presse. Choisi par l’Empereur pour être son interprète pendant son voyage de 1865 en Algérie, il devint la « bête noire » des colonialistes et des républicains. Menacé de mort après la chute de l’Empire, il donna sa démission et s’exila à Marseille où il ne cessa de défendre ses idées dans la presse. Il rejoindra Alger en 1882, pour s’y éteindre le 27 janvier 1884. Son projet d’une Algérie franco-musulmane ne s’est pas réalisé, mais en cette année du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, le témoignage qu’il a laissé en faveur d’une association respectueuse entre Français et Algériens peut largement inspirer tous ceux qui œuvrent aujourd’hui à leur réconciliation.
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