Nadia Henni Moulaï, Un rêve, deux rives, Ed. Slatkine et Cie, 2021, 253 p.
Ce livre est présenté par l’auteure au MODEL 2022, au Café littéraire « Algérie-France, la guerre en héritage », vendredi 13 mai à 16h45.
Deux récits s’enchevêtrent, se succèdent aussi en partie. Celui de l’autrice qui nous raconte une vie familiale de « beurette » entre sa banlieue parisienne et la plage algérienne, qui « monte » vers les études supérieures de la Sorbonne et découvre alors qu’elle n’est pas comme les « autres ». Celui de son père, dont elle se fait la chroniqueuse, mais aussi la détective de ce que fut la vie du petit kabyle monté d’abord à Alger, puis dès la fin des années 1940 à Paris, où la lutte armée de l’indépendance s’empare de lui, lutte armée qui est aussi celle où s’affrontent FLN et MNA.
- 89 En France, on ne rase pas les murs, on les contourne. Silencieusement. On suit le chemin tracé pour nous par le système, sans attirer l’attention. On est un bon petit soldat. La tête toujours bien haute. Il y tient [le père].
- 139 « Les puissants n’ont jamais honte de rien ». A regarder mes deux pays, c’est ce que j’ai appris. « Avec leur face de cuir, jamais ils ne rougissent ». C’est un proverbe kabyle.
- 179 Les Algériens ont la folie des grandeurs avec leurs maisons à trois, quatre, cinq étages. On dirait bien qu’un concours se joue à l’échelle nationale à qui aura la plus grande. Et à ce jeu, l’important n’est pas de clore le chantier. Non, l’important, c’est de le commencer, d’annoncer la couleur avec un maximum de dalles et tant pis si le chantier reste en suspens. Au moins vous aurez affiché la hauteur de vos ambitions. C’est ça l’Algérie de la prospérité, un chantier qui s’étale entre terre et ciel.