Raphaëlle Branche, La guerre d’Algérie : une histoire apaisée ? Seuil Points, Inédit Histoire, 2005, 445 p.
« Les voies pour une histoire sereine de la guerre ne se dégagent que lentement ». Ainsi l’histoire apaisée de la guerre d’Algérie chemine… Elle dépend d’un dialogue franco- maghrébin, pour comprendre, sans vouloir imposer de vision officielle, dialogue où les historiens algériens ont une place croissante.
Raphaëlle Branche nous montre avec subtilité que « la » guerre s’est décomposée en trois conflits : algéro- français certes, mais aussi algéro- algérien et franco- français. Et aussi que les conflits ont commencé en 1945 dans l’est algérien à Guelma et à Sétif, que cette guerre sans nom en a plusieurs (révolution algérienne face à maintien de l’ordre, voire événements tout court). Une guerre menée et supportée par les paysans algériens, héros collectif, qui pour beaucoup, chassés des campagnes, survivaient en 1962 dans les camps de regroupement. L’auteur raconte ce que sont les multiples sources dont disposent les historiens pour étudier cette guerre : les sources publiques s’ouvrent peu à peu au compte goutte alors que les sources privées dépendent en partie de la mémoire d’une génération de milliers de témoins encore vivants.
La guerre d’Algérie doit être replacée dans un mouvement mondial : Alger a été le cœur d’un des deux grands empires coloniaux du XIXe et du XXe siècle, celui de la couronne britannique et celui de la France. C’est aussi dans les décennies 1960- 1980, avec La Havane, la capitale d’un Tiers Monde que les partisans de la décolonisation ont cru au centre d’un monde nouveau. Un livre de référence en ces années où les dates anniversaires du « cinquantenaire » se succèdent.