Documentaire, 2013
Coup de soleil montre ce film le mercredi 13 novembre à Paris. Il a été diffusé précédemment en été sur France 2 et le sera sur TV 5 Monde, c’est-à-dire qu’il sera accessible dans tous les pays concernés.
Reportage mené en 2011 et 2012 en Tunisie, Egypte, Israel, Espagne, Italie, il a comme point de départ le Printemps arabe. Une série de portraits de femmes, parce que dans les sociétés machistes méditerranéennes, plus qu’ailleurs, l’appropriation du corps des femmes par les hommes, par les familles, par les sociétés et les Etats est une des racines fondamentales de formes d’autorité qui bloquent les démocratisations. Et celles-ci ont été revendiquées, ont explosé, parce que justement la participation féminine dans l’espace public était une subversion majeure. Les retours en arrière « conservateurs », le plus souvent au nom de l’islam, visent nécessairement la place des femmes dans les sociétés, mais des problèmes comparables sont pointés en Espagne et plus encore en Italie. Qui sait qu’au Maroc la loi interdit à un homme de reconnaître la paternité d’un enfant né hors mariage légal (peut-être 10% des naissances) ? Qui se souvient que le coup d’Etat de Boumedienne en Algérie destituant le président Ben Bella (1965) a suivi de peu une manifestation de protestation de femmes d’Alger que celui-ci « n’avait pas su » maîtriser ?
Et rappelons aussi que l’élément le plus fondamental de la maîtrise des femmes méditerranéennes sur leur propre corps est leur possibilité de choisir leur propre fécondité, alors que « la tradition » leur fait un devoir de donner des enfants mâles, aussi nombreux que possible, à la famille de leur mari. Bien sûr ce droit des femmes à la contraception est acquis au nord de la Méditerranée dès le milieu du Xxe siècle, mais au sud de celle-ci, on oublie trop souvent que la fécondité s’est rapprochée des niveaux européens en Tunisie , en Algérie, en Turquie (un peu moins, mais avec une baisse récente importante, au Maroc, moindre certes en Egypte, en Libye ou en Palestine). Ce changement dans le modèle familial, surtout dans les villes, est lié à la généralisation d’une éducation aussi poussée pour les filles que pour les garçons. Il est consubstantiel au surgissement de mouvements démocratiques, que le film de Serge Moati nous aide à soutenir.