Paris, le 19 décembre 2024
Depuis bientôt 40 ans, l’association Coup de soleil et ses militant(e)s se battent pour réconcilier les mémoires plurielles des gens de France originaires ou ami(e)s du Maghreb. Nous avons pour objectif de lutter, par l’éducation et par la culture, contre les injustices et les discriminations qui persistent et s’aggravent dans la société française, comme dans toute la Méditerranée. Notre sensibilité a encore été mise à rude épreuve sur deux sujets brûlants, qu’il nous faut donc aborder : ■ celui des polémiques autour de deux écrivains ; ■ et celui des guerres qui dévastent aujourd’hui le Proche-Orient
■1. Les polémiques se déchaînent à travers les réseaux sociaux et les médias autour de deux écrivains d’Algérie, Kamel Daoud et Boualem Sansal, que nous avons si souvent invités au Maghreb des livres. Défenseurs acharnés de la liberté d’expression, nous faisons nôtre la belle proclamation de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ». Quoique l’on puisse penser de certaines des déclarations de Kamel Daoud et de Boualem Sansal, nous demandons que l’on respecte la liberté d’expression de ces deux écrivains. Et nous demandons la libération immédiate de Boualem Sansal, 75 ans, incarcéré en Algérie depuis le 16 novembre 2024.
De même nous faut-il appeler à ce que cessent les tombereaux d’injures adressées par l’extrême-droite française, depuis le 24 novembre 2024, à l’historien Benjamin Stora et a u politologue Nedjib Sidi-Moussa qui, tout en demandant la libération immédiate de Boualem Sansal, ont exercé leur droit à critiquer ses positions.
■2. S’agissant des conflits ravageant de plus en plus le Proche-Orient, ce berceau de nos civilisations méditerranéennes, les militants de Coup de soleil sont parfois divisés. Nous devons, là-aussi, appeler chacun à regarder les réalités en face et à accepter que, si les points de vue divergent, on peut et on doit en débattre.
Cela ne doit pas nous empêcher de condamner, avec autant de force :
— le massacre par le Hamas, le 7 octobre 2023, dans le Sud d’Israël, de 1.200 civils et militaires israéliens, ainsi que l’enlèvement de 250 otages
— le premier ministre israélien Netanyahou à la tête d’un gouvernement d’extrême droite raciste et suprémaciste, et qui, pour échapper à la justice, mène, depuis le 8 octobre 2023, une terrible guerre sans fin dans toute la région : en Palestine (Cisjordanie et Gaza), au Liban et en Syrie.
— la destruction systématique par l’armée israélienne de toutes les villes de Gaza : immeubles d’habitation, écoles, universités, hôpitaux, etc, avec un terrible bilan humain de 45.129 morts et 107.041 blessés, dont 70% de femmes et d’enfants
— la colonisation forcenée du territoire palestinien de la Cisjordanie
— l’existence des milices para-militaires pro-iraniennes du Hezbollah libanais (financées par l’Iran et dont la puissance militaire est supérieure à celle de l’armée libanaise)
— l’offensive terrestre et aérienne de l’armée israélienne au Liban, avec la destruction de près de 100.000 habitations, et un lourd bilan humain de près de 4.000 morts et 65.000 blessés.
■ Il faut enfin et SURTOUT permettre aux deux peuples d’Israël et de Palestine de connaître enfin la paix et la sécurité par la création de deux Etats souverains ayant tous deux Jérusalem comme capitale.
■ La rédaction définitive de cette Prise de position date du 17 décembre 2024, il nous est paru utile de partager avec vous les dernières nouvelles qui confortent, hélas, notre analyse :
- Boualem Sansal est toujours incarcéré en Algérie ;
- une jeune avocate : Sonia Dahmani est incarcérée depuis octobre en Tunisie et risque aujourd’hui jusqu’à 40 ans d’emprisonnement ;
- la journée d’hier vendredi 20 décembre 2024 a été marquée par le verdict de la Cour d’assises de Paris sur l’assassinat du professeur Samuel Paty;
- et par l’attentat mené hier soir à Magdebourg (Allemagne) par un médecin psychiatre ubuesque « d’origine saoudienne, converti au christianisme et lié à l’extrême droite allemande » !
- le peuple syrien, enfin, qui « respire la liberté » après cinquante années du régime sanguinaire des Al-Assad, sans être pour autant rassuré sur l’avènement possible de la démocratie, de la liberté et de la coexistence des communautés.