Anthologie des écrivains maghrébins d’expression française, Présence Africaine, 1964, 297 p.
Sous la direction de Albert Memmi, choix et présentation de Jacqueline Arnaud (1934- 1987, future professeure universitaire à Paris), Jean Dejeux (1921- 1993, père blanc intronisé en Tunisie en 1952), Abdelkebir Khatibi (1938- 2009, chercheur marocain en sociologie et en linguistique), Arlette Roth (chercheuse française en linguistique).
Sans doute, deux ans après la fin de la guerre d’Algérie, le premier travail sur ce sujet. Que Memmi (1920- ) en ait été « maître d’œuvre » est simple : c’était l’aîné, enseignant à l’Ecole des Hautes Etudes (la « 6e section » née depuis quinze ans alors, future EHESS), par rapport à des plus jeunes, qui seront les maîtres d’une seconde génération de chercheurs… 22 auteurs nous sont présentés, avec des extraits de leurs œuvres. Grande majorité d’Algériens, dont nous connaissons encore la plupart (Jean Amrouche, Taos Amrouche, Mohamed Dib, Assia Djebar, Mouloud Feraoun, Malek Hadad, Mostafa Lacheraf, Mouloud Memeri, Jean Senac, Kateb Yacine). Peu de Marocains (Driss Chraïbi, Mohamed Lahbabi, Ahmed Sefrioui) et un seul Tunisien, Memmi lui-même. Et le livre se termine par de courtes notices concernant 38 autres écrivains moins importants à l’époque : encore une grosse proportion d’Algériens,
avec seulement cinq Marocains et quatre Tunisiens…
Que Présence africaine, maison d’édition consacrée principalement au « monde noir » ait accueilli ce livre est significatif : le Maghreb à l’époque est un objet d’étude conflictuel qui ne pouvait avoir sa propre maison d’édition. Présence africaine existe toujours, comme revue et comme éditeur…