Kamel Daoud nous donne envie de lire, de penser, de soupeser l’Algérie. Son roman Meursault, contre-enquête mettait le doigt sur ce qui n’est pas bon à dire (les thèmes éludés à propos du face-à-face colonial, mais aussi de la brusque décolonisation de l’Algérie en 1962). Son franc parler après le Noël de Cologne a choqué : levée de boucliers de la bien pensance d’une gauche politiquement correcte.
Nous avons pu lire Le Point du 8 février 2017 qui lui consacre sa couverture et un gros dossier. Et il reprend certains thèmes dans La grande librairie du 16 février sur la chaine 5 de la télévision. Très bientôt nous le retrouvons dans notre Maghreb des livres, où il dialogue le samedi 18 février avec Catherine Dupont Humbert de 15 heures 30 à 15 heures 45, avant de dédicacer son Mes indépendances (Actes sud) : il y reprends ses années de chroniques au Quotidien d’Oran. Le Point fait parler l’auteur et donne quelques pages de ces chroniques, dont nous retiendrons la perle : « Rapatrier un jour les cendres de Camus » (11 novembre 2013). Le plus précieux, c’est quand il raconte l’enfant qu’il était, alphabétisé d’abord en arabe classique, qui découvre chez son grand-père illettré, auprès de qui il vit, quelques livres en français, peut-être appartenant à son gendarme de père, à moins qu’ils ne proviennent des pieds-noirs qui les ont laissés en quittant la maison en 1962. Il découvre seul une langue qu’il doit déchiffrer dans des ouvrages dépenaillés, dont il nous dit que parfois il ne connaissait ni le titre ni l’auteur car il manquait le début, ou bien il avait le tome 2, et il trouvera le tome 1 dix ans plus tard…
Samedi 18 février, au Maghreb des livres, il a bien dialogué avec Catherine Dupont Humbert… puis a dédicacé son livre en faisant tanguer les services de sécurité tant le monde se pressait devant sa table.
Et nous le retrouvons à la Matinale de France Inter le mardi 21 février, où il nous redit que les adeptes de daesh sont les enfants des dictatures du monde arabe, pas des révolutions de celui-ci. Que pour les régimes autoritaires les croyants sont moins dangereux que les citoyens. Il ne contredit pas Bernard Guetta quand celui-ci lui rappelle de mot de De Gaulle: »… l’Algérie restera française comme la Gaule est restée romaine ».