Selon la tradition, Moïse est censé avoir écrit les cinq premiers livres de la Bible. Il s’y dépeint de façon très étrange : avec et contre Dieu ; avec et contre son peuple ; porteur des tables de la Loi, qu’il brise ; prophète incapable de parler ; guide vers une Terre promise où il n’obtient pas le droit d’entrer ; mort dont nul ne connaît le tombeau… La tradition, jusqu’à nos jours, semble toute aussi déroutante, d’autant que Moïse est aussi revendiqué, réinventé, par le christianisme et l’islam. Sans compter Freud et la psychanalyse…. Puisant dans la tradition rabbinique et dans sa propre imagination autant que dans la Bible elle-même, Jean-Christophe Attias interroge les mots et les silences des textes. Il y distingue la silhouette d’un Moïse bien différent de celui, d’un seul bloc, qui encombre nos mémoires. Un Moïse fragile. Un homme de l’exil et de la dispersion. A travers une série de portraits possibles – y compris celui d’un Moïse féminin – l’enquête de Jean-Christophe Attias étudie les métamorphoses, à travers les âges et les traditions, du libérateur des Hébreux : un judaïsme de l’esprit, de l’errance, de la diaspora et de l’inachèvement – voire de l’échec. Ou presque. Recevoir et transmettre. Écouter, quand bien même le message serait confus. Questionner, avec insistance surtout quand il n’y a pas de réponse. Tel semble bien être le judaïsme de Moïse, « un judaïsme qui parle aux Juifs et pas seulement à eux, invitant à en finir avec l’orgueil de la tribu, la violence des armes et la tyrannie du lieu « .
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