FEMMES DE MECHE
« C’est quoi ce salon plus petit qu’une chatte de fourmi ? ». Un huis-clos où treize femmes sont entassées dans l’unique pièce d’un salon de coiffure ? Il fallait le faire. A l’extérieur de ce salon où l’on piaille, prie, rie, s’engueule, les hommes se lâchent des bombes les uns sur les autres. C’est que ce salon ne se situe pas n’importe où : il est en plein Gaza. Une comédie (même dramatique) située à Gaza ? Ça aussi il fallait le faire. Et en même temps, réaliser un film en Palestine est déjà une sorte de tour de force. La guerre s’est d’ailleurs tellement rapprochée du lieu de tournage initial de Dégradé que celui-ci a d’ailleurs dû être déplacé en Jordanie. Mais ce premier long-métrage, signé de deux frères jumeaux, n’est pas qu’un signe de vie en provenance d’un pays à la filmographie quasiment inconnue. Comme l’a souvent fait Almodovar, les frères Nasser utilisent des personnages féminins pour parler bien sûr des femmes mais aussi surtout pour parler en filigrane des hommes. La galerie de personnages est haute en couleur, et chacune de ces femmes joue un rôle bien défini (presque trop, jusqu’au systématisme) : la fille à marier, la rebelle, la croyante, la bourgeoise… Si Degradé vise le mélange des registres, la comparaison avec le réalisateur espagnol s’arrête pourtant là. S’il y a un écho à chercher au film, on le trouve plutôt dans Caramel de Nadine Labaki, au parti pris scénaristique très similaire. Terre à terre, Degradé n’offre pas toujours la même fantaisie. L’ensemble parvient néanmoins à rendre son concept vivant, évitant avec une certaine énergie les pièges du théâtre filmé.
(par Gregory Coutaut) Qui se souvient de Vénus beauté, voici près d’une génération déjà, dans un cadre français fort tranquille? Ici les propos truculents sont une dénonciation féministe des factions palestiniennes en lutte pour un pouvoir dérisoire, autour d’un guérillero qui s’est emparé de façon emblématique… du lion d’un zoo.