Francis Zamponi, Le boucher de Guelma, Gallimard, Folio policier,, 2011 [repris de Le Seuil, 2007], 299p.
Mise en scène du procès du sous-préfet organisateur des massacres, au tribunal de Sétif ; le personnage revient en Algérie par hasard, les chapitres alternent les séquences de l’instruction du procès, les témoignages d’époque, les souvenirs du héros. Celui-ci est, bien sûr, Achari tel que le décrit Jean Pierre Peyroulou dans Guelma 1945, une subversion française dans l’Algérie coloniale, La découverte, textes à l’appui/ études coloniales, 405p., 2009 (voir le site Midi- Pyrénées de Coup de soleil. On y trouve aussi les frères Marcel et Paul Reggui (voir Marcel Reggui, Les massacres de Guelma, Algérie mai 1945 : une enquête sur les furies des milices coloniales, préface de Jean-Pierre Peyroulou, La découverte 2006, 192p.) et leur café sur la place de la Comédie. Et l’ambiance de peur dans l’est algérien en 1945.
L’argument du polar est loin de la réalité historique, mais il suit le fil du problème fondamental de l’Algérie coloniale, la seule « colonie », avec l’Afrique du Sud, qui ait connu le problème d’une cohabitation entre deux peuplements. Ailleurs on a connu des métissages (Amérique Latine), ou l’élimination des « indigènes » (Etats-Unis, Pampa argentine). Ou encore un simple « encadrement » militaire et administratif dont les acteurs s’effacent facilement lors de la décolonisation (Asie, Afrique « Noire »), remplacés par des « coopérants » et des ONG.
L’auteur, né en 1947, a connu un parcours peu commun : son père était policier en poste à Sétif pendant son enfance. Il a donc connu enfant l’ambiance de cet est algérien. A la fin des années 1960 il est étudiant de sociologie à Nanterre, il fait du cinéma, du journalisme…
En 2001, Zamponi a publié un autre polar politique, Le don du sang, Babel: trois mois avant le 11 septembre, il met en scène l’islamisme dans une France où la police est traumatisée par la vague qui a traversé l’Algérie pendant une décennie.