Cette exposition est un événement important pour Coup de soleil, parce que bien sûr elle inclut le Maghreb (c’est à dire le « couchant »). En effet si le panorama remonte aux sources orientales du judaïsme, l’essentiel en est la présentation de la cohabitation judéo-musulmane dans les mondes méditerranéens.

Nous avons récolté quelques témoignages précieux de ce que fut ce judaïsme et particulièrement du rôle des communautés juives dans la circulation de la pensée entre les trois continents qui convergent en Méditerranée. La langue et l’écriture hébraïque sont le support religieux permanent de ces communautés, mais aussi parfois leur outil commercial, politique et moral dans un monde où les juifs sont partout des minorités urbaines qui communiquent entre elles, mais qui aussi assurent les liens entre les peuples au sein des quels ils sont immergés.

C’est parce que partout ils sont minoritaires et « étrangers » par rapport aux groupes religieux dominants que leur fonction de trait d’union international se reproduit dans le commerce et dans la banque, mais aussi dans la vie intellectuelle au cours des siècles. Dans leur vie quotidienne ils parlent et écrivent les langues des sociétés dans lesquelles ils vivent. Ces langues leur servent aussi dans leurs relations internationales. Araméen à l’époque de Jésus en Orient, puis de plus en plus grec, là aussi en Orient, et latin en Occident. Puis à partir de l’Islam c’est peu à peu l’arabe qu’ils parlent et écrivent dans tout le monde méditerranéen. Puis l’espagnol et le portugais dans l’occident ibérique (Al Andalus) et depuis là ces langues se diffusent dans toute la Méditerranée à mesure de la reconquista et de l’exode que celle-ci produit. Enfin quand les Lumières se répandent au XIXe siècle c’est le français qui devient la langue internationale, en particulier avec l’action de L’alliance israélite universelle, fondée en France en 1860 à l’initiative d’un petit groupe dont Adolphe Crémieux devient le personnage influent.