Moyen métrage sur la jeunesse algérienne du milieu des années 1990, quand la décennie noire vient seulement de commencer. Le film (tourné à Sidi Moussa) met en scène deux adolescents, fille et garçon, d’un lycée de la grande banlieue d’Alger, dans une ville formée de grands ensembles créés en même temps qu’une usine d’Etat. Ce qui est « public » (usine, voieries, lycée) est passablement dégradé, sinistre sous la pluie, alors que les intérieurs où vit la petite classe moyenne qui est mise en scène sont soignés, lieux d’une paix familiale assez oppressante, parce qu’on sent qu’il faut se protéger du dehors où le qu’en dira-t-on rôde, tension que portent surtout les garçons et que les filles doivent éviter à tout prix. Cette lourde ambiance est peu à peu remplacée par la menace physique d’un terrorisme dont la prudence pour chacun est d’ignorer de qui il vient.
Mais les « amours » de la fille et du garçon, qui se réduisent à peu de phrases, quelques regards, plus l’orchestration qu’en donnent les copains et les copines, se brisent avant de se nouer, car le père de la fille est policier : après la scène de la fête organisée par les ados, transgression où bien peu sont ceux, et plus encore celles, qui « se lâchent », c’est la fuite de la famille face à la mort au quotidien qui menace chaque jour un peu plus.
Le très mince scenario de ce film court est servi par la qualité d’images lentes. On repère dans ce parler arabe algérien les multiples mots ou phrases tirées du français qui s’entrelacent sans cesse.