Alice Kaplan, Maison Atlas. Editions Le Bruit du Monde. 2022
Alice Kaplan, née en 1954, est une écrivaine américaine, universitaire et historienne. Maison Atlasest son premier roman. Écrit en anglais, il est traduit de l’américain (fort bien, me semble-t-il) et l’édition française est sortie avant l’original.
Ce roman s’articule autour de la rencontre amoureuse de deux étudiants juifs à Bordeaux dans les année 90 : Emily vient des USA, Daniel vient d’Algérie. Au travers de leur histoire et celle de la famille de Daniel, Maison Atlasévoque de manière très documentée la situation des juifs algériens, pendant la période coloniale, puis la guerre d’Algérie et l’indépendance, et enfin à l’époque contemporaine de leur rencontre, la « décennie noire ».
Le grand-père de Daniel (inspiré d’une personnalité réelle, le député Marcel Belaïche) et son père incarnent très concrètement la difficulté pour les Algériens juifs de trouver une place dans la société algérienne entre les Arabes musulmans et les Français colonisateurs : citoyens français (décret Crémieux), déchus de leur nationalité (lois de Vichy), redevenus français au moment de la guerre d’Indépendance …
La construction du roman fait alterner les chapitres écrits du point de vue d’Emily, de Daniel et de leur fille, Becca, chacun assumant une partie de l’intrigue, à des époques différentes.
J’ai trouvé ce roman très réussi:
- je me suis attachée à l’intrigue principale, autour de Daniel, Emily et Becca, succession de rencontres impossibles avant que Becca parte à la recherche de ses origines, mais j’ai également été emportée par le destin de la famille Atlas.
- j’ai apprécié le style fluide, imagé, adapté à chaque locuteur
- j’ai aimé la construction faisant varier points de vue et époques, y compris les notices historiques, en italiques, de facture universitaire, prises en charge par l’autrice historienne.
- j’ai aimé la solide documentation qui, bien digérée, permet une évocation concrète d’Alger à diverses époques et un éclairage jamais gratuit ni pédant sur l’Histoire algérienne et sa complexité (Catherine Giffard)