Yahia Belaskri en entretien, MODEL 21

Yahia Belaskri, Le silence des dieux, Zulma, 2021, 221 p.

Notre ami oranais nous plonge dans le désert pour y inventer une oasis improbable. Mais surtout il faut lire ce conte politique sur l’enfermement et la lâcheté. Ceux qui s’y enfoncent n’ont aucun mal à trouver les maîtres qui les oppriment, il leur suffit de les inventer eux-mêmes.

Face à des hommes vieux qui s’autodétruisent, l’espoir est la réaction tragique des femmes, des jeunes hommes aussi, qui savent partir ailleurs, s’ouvrir au monde et le faire revivre.

Yahia nous donne en même temps une micro sociologie du monde rural dans le sud oranais, qui ne survit que grâce à la contrebande avec le Maroc. Le commerce du hanout, celui du négoce international des céréales, tisse une économie agile et féroce. La domination masculine omniprésente est sans cesse transgressée, et pas seulement par les femmes.

La langue poétique de Yahia nous porte. Ça propose épaules J, mais elle est aussi rythmé par des poèmes. Le motif qui revient et traverse les générations :

« je suis le fils de la tisseuse,

Fille de tisseuse

je suis l’enfant des sables du vent,

un fil de chaîne, un fil de trame »

 

Yahia Belaskri, pour Le silence des dieux, a été reçu en entretien au MODEL 2022

 

Prix Coup de cœur de Coup de Soleil Languedoc-Roussillon 2012 : Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut (2010)