Mercredi 13 mars 2013, nous avons pu entendre, à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Alain Gédovius qui a présenté le travail photographique qu’il a réalisé en 1960 à Alger avec Yves Robertet(ci-dessous, la notice des deux photographes).
« Alger 1960 : un inventaire photographique de la Kasbah »
Pendant quelque dix huit mois, ces deux « appelés » accomplissent leur service militaire au sein du Service cinématographique de l’armée française, les tâches imposées par leurs supérieurs sont fort légères et le temps ne leur manque pas. Leur atelier de travail et leur logement est situé dans un vieux bâtiment dans le haut de la Kasbah d’Alger. Ils décident de photographier celle-ci. En toute liberté, vêtus en civil, sans être soumis aux heures de couvre-feu, ils y circulent ensemble inlassablement, sans aucun sentiment d’insécurité. Ils finissent par faire partie du paysage. De jour, c’est surtout Robertet qui avec son Leica prend des scènes de personnages « à la volée », sans être vu du public, en éliminant les photos où ont « posé » ceux qui l’ont repéré. Sa formation acquise en Suisse, c’est le reportage. De nuit, sans flash, avec un Rolleyflex et un pied, c’est surtout Gédovius qui saisit l’architecture des rues et des maisons, profitant de sa formation aux arts appliqués. Peu à peu, ils se font ouvrir divers monuments publics, mais aussi des demeures privées, maisons modestes ou palais. Ils accèdent aux extraordinaires ensembles de terrasses. Ils avaient reçu commande pour un livre aux Editions Baconnier, mais ils tardent à boucler leur récolte photographique: l’éditeur, à l’été 1960, renonce, car il sait qu’il va quitter l’Algérie.
Espérons que Gédovius va maintenant trouver un éditeur: son archive est d’autant plus précieuse que depuis un demi siècle la Kasbah d’Alger s’est considérablement dégradée (on estime qu’un tiers des édifices s’est écroulé faute de soins, aucune politique suivie d’entretien ou de réhabilitation n’a été menée: ce qui fut le haut lieu de la « bataille d’Alger » de 1957 reste dévalorisé, à la différence des lieux de combats des maquis ruraux du FLN).
Cette collection de 900 photos a connu des expositions partielles nombreuses en 2012. A Bobigny, au Centre culturel algérien de Paris, à la librairie de l’Harmattan, à la bibliothèque municipale Port Royal (Paris 5e art.). On la retrouve dans le carrousel de photos projetées au 19e Maghreb des livres, à l’Hotel de ville de Paris, en février 2013. C’est là que le contact s’établit pour programmer la présentation de mars 2013.
ALAIN GEDOVIUS, né le 11 Septembre 1935 à Paris. Etudes à l’Ecole des Arts Appliqués. Expose au Salon des Indépendants. Entre à l’O.R.T.F. comme preneur de son en 1957. Son grand-père était photographe de plateau, notamment des films d’Abel Gance. Son père était producteur d’émissions de Jazz à la Radio. Affecté au Service Cinéma des Armées à Paris puis à Alger.
Reprend une affaire familiale de post-production Son et dirige de nombreuses versions françaises de films étrangers. En 1988, il fonde avec des amis une Société de Production et se consacre désormais à l’écriture de dialogues. Auteur d’un court-métrage «KASBAH» et d’un film d’architecture.
YVES ROBERTET, diplômé de l’Ecole des Arts et Métiers, section photographique de Vevey, Suisse (1955-1958). Service Cinéma des Armées, Paris/Alger. Diverses labo, reportages (1958-1961). Pendant cette période, reportage de jour et de nuit dans la Casbah, intérieurs et extérieurs. Photographe indépendant : presse, mode, industrie, voitures, illustration (1962-1973). Rachète le Laboratoire TELE -PHOTO à Paris et en devient le PDG (1973-1996). Création du premier Laboratoire numérique en France (1996). Le photographe est décédé( 2008) (Claude Bataillon)