Le dernier ouvrage de Fouad Laroui, « Ce vain combat que tu livres au monde », est conçu à la fois comme un roman pour grand public, et également comme un opus pédagogique remarquable (qui arrive à point nommé) pour l’édification d’une jeunesse qui n’a pas de repère culturel ou en quête d’un repère de référence.
Il est construit selon le schéma alternant chapitres narratifs et historiques tout au long de l’ouvrage, avec des interpellations malicieuses du lecteur, et un art consommé de la maïeutique. Une démarche, particulièrement bienvenue, qui remet efficacement les idées en place, tant en ce qui concerne l’Histoire récente du Moyen-Orient que celle des sciences dites « arabes ».
Les quatre personnages du roman, sont deux femmes et deux hommes vivant dans les quartiers branchés de la capitale parisienne (Belleville, République) confrontés au questionnement existentiel très actuel de notre société : origine, racines, altérité, identité ; confrontation qui va tourner à l’affrontement.
Alors que l’Histoire s’accélère et tourne rapidement à la catastrophe au Moyen-Orient, l’histoire de nos quatre personnages sombre, non moins rapidement dans le drame : départ pour le djihad et attentats de novembre 2015.
Par ailleurs, mettre en parallèle l’accélération catastrophique de l’Histoire du Moyen-Orient et la descente aux enfers du malheureux Ali est une heureuse idée, qui permet de remettre dans son contexte planétaire un destin individuel.
Ce livre est une source d’informations indispensable pour tout public. C’est aussi un livre à recommander vivement à nos jeunes, qu’ils soient au collège, au lycée ou à l’université. (Belaid Ghermani)
Qui aime Laroui retrouve ici sa finesse à montrer la profonde osmose entre « maghrébins », « beurs », « gaulois » sur toute une culture commune : précisément en montrant les failles, les décalages au sein de cette famille franco-maghrébine qui est celle dont Coup de soleil est témoin et acteur. Il mélange ici le romanesque de ses personnages à la pédagogie du problème : « comment fabrique-t-on un djihadiste avec un brillant informaticien marocain totalement « francisé » vivant avec une beurette marocaine » ? Et à cette occasion on en apprend beaucoup sur la science médiévale, sur la fin de la première guerre mondiale au Moyen Orient. Mais aussi sur ce que veut agnostique dans la morale française depuis le XIXe siècle, ce que nous montre vigoureusement la meilleure amie de la beurette marocaine. (Claude Bataillon)