Soleil amer, Lilia Hassaine, roman, 2021, Gallimard, NRF, 158 p.

Sur un sujet sans cesse réinventé, l’intégration des populations algériennes dans la société française, un livre dont l’écriture haletante nous conduit au long cours. Le commentaire de l’éditeur : « À la fin des années 50, dans la région de l’Aurès en Algérie, Naja élève seule ses trois filles depuis que son mari Saïd a été recruté pour travailler en France. Quelques années plus tard, devenu ouvrier spécialisé, il parvient à faire venir sa famille en région parisienne. Naja tombe enceinte, mais leurs conditions de vie ne permettent pas au couple d’envisager de garder l’enfant…
Avec ce second roman, Lilia Hassaine aborde la question de l’intégration des populations algériennes dans la société française entre le début des années 60 et la fin des années 80. De l’âge d’or des cités HLM à leur abandon progressif, c’est une période charnière qu’elle dépeint d’un trait. Une histoire intense, portée par des personnages féminins »

Quelques mots pour se souvenir de ce qui fait la chair de ce récit. « Le seul trait d’union entre les hommes, c’est la culture […] qu’on dit élitiste mais qui est universelle car elle traverse les siècles. Les sonates de Beethoven […], l’excellence de l’art dépasse les préférences, elle est la caisse de résonnance de Dieu ».

Naja : « Les Algériens avaient été des citoyens de second rang dans leur propre pays, elle savait s’effacer, elle avait appris en regardant sa mère ». « Naja aimait la France malgré tout. Elle répétait : L’Algérie et la France sont des sœurs empêchées. Elles n’ont pas réussi à vivre ensemble, mais n’ont jamais su vivre l’une sans l’autre ».

Daniel (ou bien l’auteure elle-même ?) : « L’Algérie était pour moi cette amante insupportable […] Elle a la nostalgie facile, cette manière de regarder vers le passé, pour ne pas s’inquiéter de l’avenir. C’est peut-être en cela qu’elle ressemble tant à la France. Les enfants d’immigrés portent en eux l’exil et l’ancrage. On les a perfusés à la mélancolie »