Yasmina Khadra

Sous un titre « écran » (Les vertueux, 2022, Flammarion/ Mialet Barrault, 541 p.) il nous lance dans une saga historique (depuis 1914, qui plonge le héros dans la première guerre mondiale, jusqu’à 1938…). Elle se déploie dans tout l’Ouest algérien, de la mer à Ténès et Oran, jusqu’au grand sud dont il est originaire (Kenadza, région saharienne de charbonnnages). C’est le monde nomade saharien qui est au centre des péripéties. Mais le lien qui unit ce héros- victime à ceux qui le protègent est celui qu’il a tissé dans les tranchées avec ses compagnons, les « turcos » qui combattent dans l’armée française. La langue de Yasmina Khadra est toujours aussi explosive et inventive, tout comme les détails des situations que vit le conteur – héros, immergé dans le monde des pauvres qui survivent dans cette Algérie coloniale où les formes de l’oppression mélangent un quotidien « indigène » et une société coloniale ici réduite à un décors lointain. Encore une fois, le monde romanesque de l’auteur s’appuie sur un conte moral où les innocents sont sans cesse menacés, mais où finalement se lève l’aurore.