Au Vent Mauvaisest le cinquième roman de Kaouther Adimi, jeune écrivaine algérienne née en 1986.
Il commence par un prologue situé en 1972 à Alger puis raconte l’histoire de ses personnages et de l’Algérie à partir de 1922 jusqu’en 1992 pour se terminer par trois pages faisant entrer l’autrice dans le récit, au présent.
Tarek, Saïd et Leïla naissent et grandissent dans le même village de Kabylie. Les deux jeunes garçons sont secrètement amoureux de Leïla qui, très vite, est mariée contre son gré à un homme plus âgé qu’elle va quitter. Passé le prologue, qui met en scène Saïd en 1972, le roman est divisé en deux parties, la première écrite du point de vue de Tarek et la deuxième, beaucoup plus courte, du point de vue de Leïla.
Il est écrit dans un style agréable et le lecteur avance volontiers dans la lecture, notamment pour comprendre comment l’histoire va se raccrocher à la scène du prologue. L’Histoire de l’Algérie colonisée puis indépendante et la vie des travailleurs algériens en France sont abordées avec pertinence du point de vue des personnages.
Sur le fond, si le prologue, l’enfance des trois héros, la mobilisation et la guerre des deux jeunes hommes attachent le lecteur au récit et aux personnages, il m’a semblé que Kaouther Adimi restait à la marge des relations entre les trois personnages et en particulier de l’amour entre Tarek et Leïla, comme si, par pudeur ou par respect pour ses modèles (Tarek et Leïla sont inspirés par ses grands-parents), elle n’avait pas osé les incarner vraiment. En outre, elle n’explique pas vraiment en quoi consiste le roman écrit par Saïd (scène du prologue) ni en quoi il justifie le départ de Tarek et de Leïla de leur village.
Par ailleurs, sur la forme, le déséquilibre entre la vie de Tarek à Paris, survolée, et son passage à Rome, décrit avec force détails gratuits, cache mal le recyclage du décor au milieu duquel elle a écrit ce roman (elle était pensionnaire à la Villa Médicis) (Fiction & Cie)
Catherine Giffard
Cette chronique de quatre générations est sombre, comme le titre du roman, pour une Algérie marquée par trois guerres. Les héros du livre ne cessent de recoudre des vies qui se déchirent sans cesse. L’écriture sans concessions ni fioritures porte le lecteur. Un motif revient étrangement: celui du moment où le cinéaste italien Pontecorvo filme La bataille d’Alger, dans une ville où le coup d’Etat d Boumediene écarte Ben Bella.(Claude Bataillon)
Coup de soleil connait bien et apprécie Kaouther Adimi: https://coupdesoleil.net/evenements/kaouther-adimi-des-pierres-dans-ma-poche/