Nous avons exploité les Documents algériens dans deux articles sur l’éducation au Maghreb: http://alger-mexico-tunis.fr/?p=978  http://alger-mexico-tunis.fr/?p=958

Bernard Venis, sur sont site web, nous dit que c’est grâce à un ancien professeur du lycée Gautier à Alger (Georges Bouchet) qu’il a récupéré une collection complète des quelques 231 fascicules  des Documents algériens publiés au Gouvernement général de l’Algérie entre 1946 et 1960. C’est par L’amicale des Soufis, anciens instituteurs pour la plupart, dans cette région saharienne de l’Algérie aux confins de la Tunisie, que j’ai eu connaissance de ce trésor, que je n’avais pas réussi à identifier au catalogue de la BNF (le dépôt légal de l’Algérie vers la « métropole » était sans doute aléatoire…). La collection est accessible, en un immense travail au scanner et reconnaissance des caractères, très lisible, facile à consulter.

http://alger-roi.fr/Alger/documents_algeriens/documents_algeriens.htm

Je n’ai pu savoir si la création de cette publication, sans doute conçue dès 1943 par le Comité Français de Libération, est issue d’initiatives de Marcel Koch. Mais celui-ci a, en 1945 à Paris, avec Louis Joxe (tous deux venus d’Alger),  été le créateur et premier directeur jusqu’en 1969, de la Documentation Française, outil d’information gouvernemental de même nature.

Comme les Notes et études documentaires de la Documentation Française, les Documents algériens sont des brochures courtes, destinées à un public large. Bien entendu les choix thématiques sont politiques. Série politique, série économique, culturelle, ou militaire mettent en valeur les réalisations du Gouvernement général. Des organismes sont décrits, qui affirment la fonction « de rang impérial » d’Alger : Bibliothèque nationale comme à Strasbourg redevenue française en 1918, Institut Pasteur, Faculté de droit qui a en fait juridiction sur tout le Maghreb, Institut de recherche saharienne qui veut fédérer les recherches jusqu’en Afrique occidentale et équatoriale. Des institutions spécifiques du régime colonial aussi : Compagnies sahariennes recrutées essentiellement dans la tribu des Chaamba et outil de la « paix française » au Sahara. Des territoires annexés à l’Empire comme le Fezzan conquis par l’Armée Leclerc.

Mais les choix mettent aussi en avant tout ce qui, au présent comme au passé, sert une vision de progrès social et de fusion culturelle capable de résoudre les tensions qui vont exploser en 1954. La Villa Abdeltif, pépinière de peintres en Algérie dès le début du XXe siècle, l’initiative de André Mandouze dès 1947 de « stages » d’étudiants de latin au Chenoua, où la contestation du système colonial se répand, des dossiers très documentés et souvent critiques sur la scolarisation et ses insuffisances. Voilà des sources précieuses pour reconstituer l’Algérie coloniale et ses transformations hors des simplifications manichéennes.