Insulter le sacré

(Habib)

Le meilleur moyen de le désacraliser, d’affaiblir son rôle, de lutter pour la raison et sa liberté c’est de l’analyser, de démythifier sans haine, froidement. Mais cela demande beaucoup de travail dans le silence des bibliothèques, ce n’est évidemment pas très rentable médiatiquement.
Mohammed Habib Samrakandi, anthropologue du fait religieux islamique.

Le couple anthropologue CENTLIVRES a mené une étude passionnante relative à l’usage officiel actuel en Iran de la carte postale en vente représentant le Prophète Muhammad.
Une carte postale courante éditée à Mashhahd. (retrouver l’image !)
Celle-ci provient d’un portrait d’un jeune tunisien pris en photo, en 1904, dans l’atelier de deux photographes européens, installés à Tunis. Cette carte postale de ce jeune baptisé Mahomet fut retouché coloriée en Allemagne des années 20 du siècle dernier et remise de nouveau en vente…
Et juste après la révolution de Khomeyni, cette carte postale était le point de départ de nouvelles modifications qui a abouti à l’actuel portrait du messager de l’islam. Comme quoi, la question de la représentation a fait l’objet de miniatures arabes, persanes et turques et on a totalement oublié que le voyage de Mahomet de la Mekke à Jérusalem et son ascension céleste a fait l’objet de plusieurs miniatures et parmi lesquelles on identifiait le Prophète entouré des anges et traversant les sept cieux : CE MI’RA a eu comme personnage central Muhammad sur un cheval ailé à tête de femme…
Dans la Sîra de Tabari, nous avons une description très détaillée de Muhammad, sous la plume d’Ali.
Il suffit d’injecter au robot de la police chargée de la criminologie : et qui va nous donner la traduction de la description minutieuse du gendre du Prophète…

 

Pour mes amies de Coup de Soleil de la part de Habib
Habib Samrakandi , Universitaire-historien marocain, Toulouse, le 24 oct. 2020

 

Témoignage

J’avais participé après les attentats de Charlie avec la LDH de Toulouse à des séances dans des collèges (notamment Mirail classes 6è, 5è,4è ).

On  a montré plusieurs carricatures, anciennes voire très anciennes et récentes (mais pas celles du prophète).
Leurs indiquant  que ça existait depuis longtemps pour exprimer avec de l’humour et visuellement des idées, des points de vue, des humeurs, que c’était un moyen de communication et d’expression.
Ils les avaient regardées, puis commentées, puis rigolé … prise de recul énorme sur les évènements , s’en est  suivie !
Voilà je voulais juste témoigner de cela.
Nous sommes tous horrifiés devant une telle barbarie, encore et encore !
Est-ce que ça va recommencer ?

Sabah.

Merci pour ce communiqué.

Merci pour ce texte, (le communiqué de Coup de Soleil MP)
juste une petite remarque le professeur « enseigne » les élèves « apprennent »…
J’en profite pour donner la température des réseaux sociaux à celles et ceux qui n’y vont pas.
Les « je suis prof » ou « je suis Samuel » pullulent mais aussi les réflexions racistes, jusqu’aux plus stupides (interdire les cours d’arabe qui vont islamiser les citoyens alors que le meurtrier est tchétchène!) mais aussi d’autres qui justifient son acte parce qu’il ne faut pas caricaturer Mohamed. Dans quelques semaines, on aura oublié Samuel Paty, il reviendra une fois par an, mais les dégâts engendrés par les haineux de tous poils continueront à ronger notre pays.
Jusqu’à Manuel Valls qui préconise que tous les enseignants montrent les caricatures en cours sans tenir compte du risque que cela peut comporter dans  certaines villes…
Bref, la grande partie des messages que je lis sont nés des tripes et sont moutonniers, je suis certaine que Samuel Paty n’aimerait pas lire ou entendre que sa mort est le prétexte d’attiser les tensions entre communautés.
Le temps du deuil de l’empathie, de la retenue a été bafoué une fois de plus et doit réjouir les Marine et autre Zemmour.
Il est temps plus que jamais que notre association prenne sa place et propose des actions, des réflexions sur la raison pour laquelle elle existe : lutter contre les ferments du rejet et pour l’échange entre les communautés.
A ce titre, je vous conseille de regarder sur France 3 le 9 novembre, le film de Laure Pradal »Des livres et des baguettes » qui retrace deux ans de soirées « Dîtes-le avec un livre » initiées par un habitant de la Paillade Nourdine Bara.
Son intention était de rassembler dans un lieu convivial (une boulangerie) des habitants du quartier et des montpellierains d’autres quartiers autour de la lecture. Chacun venait avec un livre à « défendre », en lisait éventuellement des extraits, racontait pourquoi il ou elle l’avait aimé et peu à peu chacun se racontait. Ces soirées nous ont unis les uns aux autres…
Le film est passé en avant-première au CINEMED de Montpellier et la salle était pleine (moitié pleine du fait de la règle d’un siège sur deux) mais trente personnes n’ont pu y assister faute de place !
A la boulangerie les séances ont été de plus en plus suivies, il y a eu des femmes voilées, des membres d’une association juive, des jeunes, des moins jeunes, des intellectuels et des gens plus modestes et l’expérience a réussi au-delà de toute espérance !
Avec SOS Méditerranée pour changer la vision des exilés nous intervenons dans les collèges et lycées avec beaucoup de succès
Par beau temps et hors couvre feu, le même Nourdine organisait des lectures dans des lieux publics ou des promenades dans divers quartiers de la ville pour que les gens se rencontrent; il interviewait des commerçants, des associatifs etc et là aussi les participants étaient nombreux et intéressés.
Bien sûr ce sont de petits pas, mais si on les multiplie, on pourra arriver à donner aux uns aux autres une vision plus saine de la différence.
Je vous souhaite une excellente semaine

« Ataalem al arabyia »
J’apprends l’arabe..

Il y a une dizaine d’années, j’avais accepté de donner des séances d’aide aux devoirs à deux élèves de primaire dont la mère était en dépression. Toutes fières, les deux fillettes m’avaient montré leur cahier d’arabe. Il ne contenait que des sourates et des mots de vocabulaire liés à la religion. Les cours étaient dispensés par une mosquée non officielle et n’avaient rien de commun avec l’enseignement classique d’une langue étrangère. A cette époque déjà je pensais qu’il serait indispensable qu’il y ait plus d’établissements scolaires publics qui proposent l’enseignement de la langue arabe.

Donc une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec la proposition du gouvernement, mais sans les arrières pensées qui se cachent derrière et cherchent à mettre tous les musulmans et arabes dans le même sac. On n’enseigne pas une langue parce qu’elle fait peur, mais parce qu’elle enrichit et ouvre des horizons !

La langue arabe, d’origine sémitique, est née au II ème siècle (probablement même avant) L’Islam est apparu au VII ème siècle avec le prophète Mahomet et le Coran a été écrit après sa mort par ses disciples. Donc les origines de la langue et de la religion ne sont pas liées ! Les musulmans dans le monde parlent indonésien, birman, turc, farsi, patcho, wolof, malinké, amazigh etc, et dans les pays arabes, rares sont ceux qui connaissent la langue classique, or le Coran est écrit dans cette langue !

Inversement, tous les arabes ne sont pas musulmans, ils peuvent être chrétiens, ou même athées. Donc, enseigne l’arabe classique en école, collège, lycée et université est une excellente initiative qui ne concerne d’ailleurs pas que les arabes ou les musulmans. Parce que cette langue trouvera la place qu’elle devrait avoir, celle d’une langue comme les autres qui a offert, et offre encore, des poèmes, des romans, des essais philosophiques, parmi les plus beaux. Et parce qu’elle permettra aux musulmans qui s’expriment dans une langue vulgarisée de découvrir le livre saint sans passer par des traductions orientées.

Chaibi Monique, le 19 octobre 2020)

Le concept religieux dit vouloir RELIER LES HOMMES ENTRE EUX.

Or les analphabètes du Livre qui s’autoproclament porte-parole d’un certain Dieu, communiquent avec le sabre de la brutalité pour former les esprits.

On assiste à l’expression d’une minorité active, qui souffle et respire la haine.
J’ai été confrontée à des menaces pour avoir souligné l’importance de l’égalité homme-femme.
Pour ma part aucune religion n’a répondu à un progrès humain ou social.
Le vrai progrès est dans le savoir Laîc, Libre débarassé de tout frein idéologique.
L’ Ecole doit rester un espace sacré, où toutes les différences culturelles religieuses sont les bienvenues dans l’apprentissage, la transmission ; à condition qu’aucune de ces différences ne renverse l’existence, le souffle de l’Autre.
La mission de l’Ecole Républicaine est de former des citoyens, et non des religieux de tout bord.
J’ai foi en l’esprit des Lumières, car là s’inscrit La Liberté.
J’ai foi en l’intelligence du cœur, celle qui nous unit.
L’ombre n’a jamais vaincu, et ne peut pas vaincre encore moins aujourd’hui.

Laura Mouzaïa 19 octobre 2020

Ni Dieu ni Maître

Cette proclamation révolutionnaire des Anarchistes est universelle.
Elle s’adresse à toutes les religions, à tous les dieux, à tous les rabbins, les imams, les curés, les déistes de tout poils qui promettent le bonheur après la mort pour mieux supporter la souffrance présente. Elle crie sa révolte à tous les chefs, à tous les militaires, aux patrons et aux gouvernants, aux politiciens qui y aspirent et qui vivent tous sur le travail des autres. Cette proclamation est universelle.
Elle ne s’arrête pas à une frontière culturelle où ce qui insupportable ici serait toléré là-bas au nom d’un respect pour des traditions étrangères. Ce cri universel s’adresse à toutes et tous. Il est souvent repris y compris dans les pays où sévissent les dictatures déistes ou militaires.
La haine des femmes, la haine de l’autre (croyant d’un autre dieu ou mécréant), la séparation en communautés antagonistes au nom de ces croyances anciennes ce n’est pas négociable.
Un enseignant a été décapité à Conflans Saint-Honorine par un jeune de 18 ans, islamiste.
Il avait montré des dessins « blasphématoires » représentant Mahomet à des enfants de 4ème.
L’islamisme est un totalitarisme, un courant politique fasciste, qui est le fait d’une poignée de musulmans dans le monde. Mais ce qui est apparent est minoritaire. Réactionnaire, au sens littéral, l’islam politique veut imposer une vision délirante, à la fois archaïque et ultra-moderne, à des millions de musulmans qui entrent dans la sécularisation. À bas bruit les femmes s’émancipent, font des études, refusent de plus en plus les mariages forcés avec les cousins, et ont moins d’enfants. Et les musulmans du monde entier sont les premières victimes de la terreur islamiste.
Ici, l’islamophobie, qui n’est qu’un racisme déguisé, se nourrit des attentats.
Les musulmans, ou présumés tels, pour beaucoup enfermés dans des ghettos sociaux, sont coincés entre la haine raciale et la terreur islamiste.
C’est une profonde erreur d’une partie de la gauche que de croire qu’en se taisant sur l’islamisme ils s’en font des alliés.
Être anarchiste c’est être solidaires des victimes, des exclu·es, de celles et ceux qui sont dénoncés par les islamophobes. Mais c’est aussi  ne pas se taire sur l’Islam politique. Être anarchiste c’est vouloir pour tout le monde: Ni Dieu ni Maitre !

Caillou, le 18 octobre 2020

Et notre texte initial:

Communiqué: Liberté de la presse et enseignement de la liberté


Communiqué de
Coup de soleil Toulouse
18 octobre 2020

Le 16 octobre 2020, à Conflans-Ste-Honorine, (Ile-de-France), Samuel Paty, professeur d’ « histégéo » en collège, a été mis à mort d’une façon effroyable pour avoir fait son métier, c’est à dire apprendre aux enfants ce que sont les libertés gagnées tout au long de luttes menées depuis des générations.
Deux semaines plus tard c’est dans l’église de Nice que trois victimes prises au hasard sont mises à mort parce catholiques.
Le racisme qui s’étale impunément, chaque jour, dans  une chaîne française de télévision, le fanatisme religieux et l’intolérance  qui prospèrent sur les réseaux sociaux, tous ces facteurs de haine se confortent mutuellement, fracturent gravement  la société francaise et engendrent  ainsi la plus ignoble des barbaries.
L’association Coup de soleil, qui  lutte, depuis des décennies, pour une meilleure compréhension du Maghreb et de la France, est particulièrement touchée par ces échecs de la laïcité et du vivre-ensemble. Beaucoup de nos militants se sont joints et se joignent aux manifestants  qui, à travers toute la France, ont rendu hommage à  Samuel Paty et affiché  leur soutien à tous nos enseignant(e)s,  attaché(e)s à la liberté de croire et de ne pas croire, de penser, d’écrire, de dessiner.