Conférence débat autour du livre Réfractaires à la guerre d’Algérie, de Pierre Sommermeyer, au CRAS Toulouse,18 mai 2024 à 19 h (Centre de recherche pour l’Alternative sociale, 39 Rue Gamelin, Toulouse, métro Fontaine-Lestang). Le succès de notre première rencontre au CRAS laissait bien augurer de ce projet. https://coupdesoleil.net/evenements/femmes-de-kabylie-dhier-a-aujourdhui/
Le livre (Editions Syllapse, 2005, 223p.) montre que le mouvement de protestation s’est structuré autour de mouvances chrétiennes, surtout à partir de 1959, même si en 1955 les jeunes ayant tout récemment fini leur service militaires et « rappelés » par l’armée ont été nombreux à protester, d’autant plus qu’ils étaient déjà organisés. La protestation qui ne cesse de monter de 1959 à 1962 a des formes très variées, où les femmes, non concernées par le service militaire, s’investissent et demandent à être inculpées tout comme les hommes, dans ce contexte de négociations hésitantes, où la légitimité du FLN est loin de faire consensus.
Le débat est introduit par un film d’une vingtaine de minutes, montage original tout récent.
Le public est actif, avec une participation de Coup de soleil comme des 4ACG, et débouche bien sûr sur la non violence contemporaine tant au Moyen Orient qu’en Ukraine. Quelle guerre est légitime, de l’Espagne de 1936 à maintenant? De même la protestation a bien des degrés, soit au sein même du système militaire comme dans les SAS, soit à côté, en métropole comme en Tunisie et au Maroc où des insoumis ou déserteurs se réfugient. L’important est plus encore de témoigner et d’informer que les actes d’indiscipline en eux-mêmes.
On rappelle que le service militaire en Algérie a concerné toute la population de jeunes, depuis les « rappelés » nés vers 1928 pour les plus vieux jusqu’aux plus jeunes appelés incorporés dans l’armée en 1962, nés en 1943. La durée « légale » du service était de 18 mois mais la plupart ont été prolongés, jusqu’à 30 mois, « hors durée légale ». L’armée a enregistré quelques 10000 « insoumis » (refusant de se présenter à la caserne) pour quelque 800 déserteurs (s’échappant de celle-ci). Toute la jeunesse française a été confrontée à la peur d’être tuer et de tuer. Dès 1963 le statut d’objecteur de conscience a été institué tandis que dès les années 1960 la fonction de coopérant a progressivement été mise en place en Tunisie et au Maroc, évitant à certains le port d’armes.