Nostalgériades, pamphlet féministe, témoignage au plus près

Pamphlet féministe et laïc contre les jérémiades et les phantasmes « identitaires » ? Oui, par une écrivaine à la plume vive et acérée, argumentant à partir de lectures étendues, à partir de son expérience de prof d’histegeo en collège et plus encore de sa réflexion sur une vie familiale de fille d’immigrés algériens. L’anecdote de son frère entrant (pour trois jours…) en politique « RN » fait bien sûr parler d’elle (le « M » du Monde du 8-10 mai 2021), p. 24) plus que ce qu’elle dit  https://www.youtube.com/watch?v=ISJBdo7SEgk  ou écrit. C’est donc au printemps 2021 que nous avons cherché le contact avec Fatiha et discuté son livre.

Mais c’est son Nostalgériades qu’on a lu d’une traite et aimé. Surtout ce qu’elle raconte de ses rapports avec « le bled », avec la langue qu’on y parle, avec cette famille, paroles très dures et paroles d’amour. Ce qu’elle raconte aussi de ses élèves et tout autour de cette jeunesse « créole » dont elle montre les contradictions, là aussi féroce et tendre. Quelques citations :

P. 51 La religion relève des choses reçues. Elle n’est un choix que pour les convertis, ou pour ceux qui, la pratiquant depuis l’enfance, ont opté pour une pratique plus orthodoxe […]. Elle ne peut donc engloutir à elle seule l’identité, forcément mouvante, complexe, évolutive.

P57 Le patriarcat dont on ne doit pas dire le nom

p.60 Nos parents ont été durs, violents, ils nous aimaient sans être aimants, ils se sont rattrapés en devenant de merveilleux grand-parents, s’autorisant enfin à être tendres.

P. 138 Nos parents ont emporté ce qu’ils pouvaient du bled, ont pris ce qu’ils voulaient de la France. C’est une culture vivante, en matériaux composites. Nous mêmes avons encore modifié cette culture. C’est l’essence de la créolisation […]. C’est à la fois vital et de bric et de broc.